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{{Citation longue|Et il y eut, avec chacun une torche à piles, les rondes de nuit. Cette campagne ingrate en
{{Citation longue|Après un mois de cette nouvelle vie, Serge avait demandé si cela ne coûtait pas trop
devenait belle ; et on se sentait tout permis.
cher. C’est aussi le moment où ils commencèrent, avec mille hésitations, à parler de
l’automne. Il ne fallait pas que — que quoi ? Comment s’en sortir ? Comment les éloigner ?
Comment rester ensemble ?


Jonathan connaissait assez bien les chemins des environs, les prés, les cours d’eau, les
— Il faut rien leur dire, concluait Serge. Mais c’était une précaution, non pas une
bois, pour qu’ils n’aient pas à craindre de se perdre. Mais Serge n’entendait pas se laisser
solution.
conduire. Bientôt surexcité, surtout dès qu’ils atteignaient un bout de forêt, il échappait à
Jonathan et partait en exploration. Il n’était pas peureux ; il communiquait vite son
enthousiasme à Jonathan, pour qui les prestiges de la forêt ou de la nuit étaient éteints depuis
longtemps — et qui pourtant se reprenait au jeu, au point d’avoir peur tout seul, dès qu’il
cessait d’apercevoir la lumière du petit garçon danser dans l’obscurité.


Serge se plaisait à une sorte de cache-cache. Il disait :
Quant à Jonathan, il voyait déjà tout fichu ; il rêvait l’impossible ; il se taisait.}}<br>
 
— Toi, tu vas par là, moi par là. On marche jusqu’à mille ! Tu vois, t’es pas forcé de
compter vraiment. Tu t’le dis en gros ! Après on revient. Mais on a pas le droit de cacher la
lampe ! C’est le premier qui t’voit, il gagne.
 
L’enfant eut bientôt la malice de grimper à un arbre. Il laissait Jonathan disparaître,
escaladait les branches jusqu’à la hauteur où l’on vacille et où les étoiles se découvrent, puis
le ciel entier. Et l’air était frais, là-haut ! Alors, il appelait Jonathan d’une voix très forte : mais
il avait éteint sa lampe, qu’il reliait avec de la ficelle à un passant de culotte.
 
Après un moment, Jonathan, un peu désemparé, mal guidé par les appels, approchait.
Serge ne voyait pas sa lampe, n’entendait pas même ses pas : mais la voix du jeune homme se
faisait nette.
 
— Allez ! où j’suis ? criait Serge, ravi, quand il devinait sa victime à quelques pas de
l’arbre.
 
Des affleurements rocheux à petites cavernes, un ruisseau assez propre qu’on atteignait
en escaladant deux clôtures puis en se glissant sous des barbelés, servirent à des jeux
semblables. Serge n’y renonçait qu’une fois très fatigué, et c’est seulement là qu’il proposait
qu’on rentre. Il pouvait être onze heures ou minuit. Restait, souvent, un long chemin à faire,
en se perdant, se retrouvant. L’enfant traînait un peu la patte, mais sa gaieté ne le quittait pas.
Il échafaudait des idées pour le lendemain soir.}}<br>
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Dernière version du 8 juin 2016 à 17:07

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Après un mois de cette nouvelle vie, Serge avait demandé si cela ne coûtait pas trop cher. C’est aussi le moment où ils commencèrent, avec mille hésitations, à parler de l’automne. Il ne fallait pas que — que quoi ? Comment s’en sortir ? Comment les éloigner ? Comment rester ensemble ?

— Il faut rien leur dire, concluait Serge. Mais c’était une précaution, non pas une solution.

Quant à Jonathan, il voyait déjà tout fichu ; il rêvait l’impossible ; il se taisait.


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