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{{Citation longue|« Il a trouvé une machine pour se sauver. C’est une machine à pédales avec des tuyaux à
{{Citation longue|Si Serge avait, maintenant, des façons affectueuses, et souvent très caressantes, il était
vapeur, mais en réalité pour qu’elle marche faut que tu parles dans le haut-parleur, . Alors
cependant devenu moins sociable. Les enfants de son âge ne l’attiraient guère ; quant aux
cette roue-là elle tourne, ça tourne cette chaîne-là, et tout ensuite. Il est pas bien assis ! C’qu’i voit, c’est que, s’i dit des gros mots, la machine va très, très vite. S’i dit des mots normaux,
adultes, il en détournait les yeux. Il ne disait rien de ses parents ; un mot d’eux, une carte
elle va pas vite. Il la conduit avec les pédales. Il crie !
postale, venait de temps à autre ; il en était assombri, ou absent, quelques minutes, puis il
semblait l’oublier.


Il a dû dire un drôle de gros mot, maintenant elle vole. Je l’ai pas refaite pareil, fallait
Sa curiosité pour Jonathan augmentait : il exigeait des anecdotes, il voulait savoir toute
tout recopier, tu parles ! Là c’est la fumée qu’elle fait avec les gros mots. Il en sait beaucoup !
sa vie. Jonathan, docilement, racontait ce qu’il pouvait. Cette obligation le gênait horriblement. Il n’aimait ni simplifier ni mentir ; il y était contraint.


Il a ressorti du trou, il revole dehors. Mais la fusée ils l’ont vu, ils le suivent. Il se dit j’ai
La beauté du petit garçon restait, elle aussi, embarrassante, et Jonathan ne s’y
été con d’sortir. Il a même pas de casque pour retourner sur la terre. Remarque sur la lune il
accoutumait pas. Il l’espéra passagère ; il évoquait parfois, avec une certaine tristesse, le
respire sans rien, mais ça fait rien, il peut pas partir.
Serge d’avant, qui n’offensait pas les yeux, ou qui n’était pas, comme celui-ci, beau à côté ou
en plus de lui-même.


Y a les montagnes pointues comme là-bas. Il va dessus. La fusée elle a pas vu, elle se
Cette impression maintenait Jonathan dans sa timidité. Il n’osait jamais prendre
cogne ! Bang ! Il est vachement content.
l’initiative de leurs accouplements. Il regrettait presque qu’ils aient lieu. Il en avait un besoin
infini. Sans la bonté, l’aisance, la gourmandise crapule de Serge, ces moments-là auraient été
lourds.


Il dit plus de gros mots, sa machine elle redescend. En bas, y a des arbres pour manger,
Depuis toujours, ils s’étaient un peu enculés. Ç’avait été l’étonnement de Jonathan
comme pour le capitaine, enfin, celui…
lorsque, à Paris, il dormait contre cet enfant — d’à peine sept ans alors — qui, lui tournant le
dos, s’assoupissait habituellement en logeant les fesses dans le creux des cuisses du jeune
homme, eux deux couchés en chien de fusil. Serge reprenait cette posture au matin : et, une
fois, sans mot dire, il glissa la main derrière lui, prit le membre qui était allongé contre sa raie,
et, réajustant les hanches, il se le plaça juste au trou. Jonathan n’osa pas bouger, il fit semblant
d’être encore endormi. Mais, le même soir, il se rappela le geste du petit et, lorsqu’ils furent
au lit et eurent joué à diverses caresses, la position du matin se reprit ; et Jonathan, comme le
trou du gosse était encore tout mouillé de salive, y poussa le membre. Il n’avait pas supposé
l’endroit si élastique. Quand il y eut enfoncé environ la longueur d’un doigt, il entendit
simplement Serge murmurer, d’une voix calme :


J’mets toujours les choses pareilles, c’est pour ça que j’ai arrêté. J’aime mieux faire les
— Ça fait un peu mal.
choses où y a rien. C’est tous les arbres où on mange. Les choses qui se mangent, je les ai
 
découpées et après je les ai collées dans les arbres. C’est des publicités dans un frigidaire, y
Il se retira aussitôt, et s’interdit de recommencer. La disproportion l’effrayait, bien que
avait tout ça ! »}}<br>
Serge, quant à lui, en parût tout à fait inconscient.
 
Plus tard, l’enfant répéta son geste. Jonathan comprenait mieux, désormais, les plaisirs
du petit corps : il ne le pénétra pas, ou à peine, mais il lui masturba longuement l’anus par ce
moyen, le laissa inondé, l’essuya — sinon que, quelques fois ensuite, Serge, avec sa tyrannie
placide, demanda :
 
— Non, faut continuer quand c’est mouillé.
 
Et la chose fit partie de leurs attouchements habituels, sans être privilégiée parmi eux.
Quant à Serge, après diverses provocations hésitantes et canailles, il sut volontiers se distraire
aux fesses du jeune homme, bien qu’il ne s’occupât d’orgasmes qu’avec les doigts.
 
Ainsi, depuis longtemps, la sodomie était mélangée à leurs autres plaisirs ; elle n’y était
rien de spécial ; elle y passait inaperçue. Seule la croissance de l’enfant, ou la durée de leur
intimité, avait modifié peu à peu la nature des pénétrations — beaucoup plus profondes, mais
toujours presque immobiles, de la part de Jonathan ; plus adroites, moins farceuses, plus
longues et plus solidement logées, de la part de Serge.
 
Évolution qui se poursuivit, cet été-là. Un événement étranger, toutefois, était intervenu.
En effet, Serge confia à Jonathan que, un peu avant les vacances, il avait sucé un garçon de
quinze ans — qui l’avait aussi enculé, et sans égards. C’était dans la bande de types et de
filles, d’un peu tous les âges, qui allaient chez Barbara. La proposition, abrupte, était venue de
l’adolescent : Serge avait accepté sans faire d’histoires. Il n’y avait pas eu de suite : le grand,
son truc expédié, avait eu la frousse et n’avait plus remis les pieds à la maison.
 
La confidence laissa Jonathan perplexe. Il n’avait pas imaginé que Serge eût pu vivre de
telles choses ; l’enfant en parla à la rigolade et avec dédain — tous les gens qui fréquentaient
sa mère étaient des cons. Il était cependant un rien fier que ce fût arrivé, Jonathan le vit bien.
Mais les idées fausses que, malgré lui, le jeune peintre cultivait encore à propos des enfants
l’empêchèrent d’interpréter, de comprendre cet épisode.
 
Il n’en conclut pas non plus que Serge aurait des complaisances désormais plus
étendues, ou des passions plus dirigées, ou des initiatives plus vaillantes. En quoi il se
trompait.
 
Mais il ne s’agissait pas de plaisirs que Serge aimait prendre par amour de Jonathan : il
les recherchait pour eux-mêmes. Quand c’est à Jonathan qu’il pensait, il l’embrassait ; quand
c’est à la bite et au cul qu’il pensait, il s’en servait. Et c’est ce sans-gêne qui rendait
supportables à Jonathan ces étreintes qui, sinon, l’eussent intimidé jusqu’à le faire renoncer à
elles. Comme Serge passait, sans transition, sans signal, à son caprice, de ce qui est « sexuel »
à ce qui ne l’est pas, et inversement, et aimait à disposer du jeune homme comme si celui-ci,
de son côté, n’eût eu aucuns désirs préalables et personnels, Jonathan était alternativement
accablé et soulagé, malheureux d’être seul à désirer, heureux de ne plus l’être, sexué ou
asexué selon les mouvements imprévisibles de l’enfant, dont il n’était lui-même que lieu,
chair et miroir.}}<br>
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Si Serge avait, maintenant, des façons affectueuses, et souvent très caressantes, il était cependant devenu moins sociable. Les enfants de son âge ne l’attiraient guère ; quant aux adultes, il en détournait les yeux. Il ne disait rien de ses parents ; un mot d’eux, une carte postale, venait de temps à autre ; il en était assombri, ou absent, quelques minutes, puis il semblait l’oublier.

Sa curiosité pour Jonathan augmentait : il exigeait des anecdotes, il voulait savoir toute sa vie. Jonathan, docilement, racontait ce qu’il pouvait. Cette obligation le gênait horriblement. Il n’aimait ni simplifier ni mentir ; il y était contraint.

La beauté du petit garçon restait, elle aussi, embarrassante, et Jonathan ne s’y accoutumait pas. Il l’espéra passagère ; il évoquait parfois, avec une certaine tristesse, le Serge d’avant, qui n’offensait pas les yeux, ou qui n’était pas, comme celui-ci, beau à côté ou en plus de lui-même.

Cette impression maintenait Jonathan dans sa timidité. Il n’osait jamais prendre l’initiative de leurs accouplements. Il regrettait presque qu’ils aient lieu. Il en avait un besoin infini. Sans la bonté, l’aisance, la gourmandise crapule de Serge, ces moments-là auraient été lourds.

Depuis toujours, ils s’étaient un peu enculés. Ç’avait été l’étonnement de Jonathan lorsque, à Paris, il dormait contre cet enfant — d’à peine sept ans alors — qui, lui tournant le dos, s’assoupissait habituellement en logeant les fesses dans le creux des cuisses du jeune homme, eux deux couchés en chien de fusil. Serge reprenait cette posture au matin : et, une fois, sans mot dire, il glissa la main derrière lui, prit le membre qui était allongé contre sa raie, et, réajustant les hanches, il se le plaça juste au trou. Jonathan n’osa pas bouger, il fit semblant d’être encore endormi. Mais, le même soir, il se rappela le geste du petit et, lorsqu’ils furent au lit et eurent joué à diverses caresses, la position du matin se reprit ; et Jonathan, comme le trou du gosse était encore tout mouillé de salive, y poussa le membre. Il n’avait pas supposé l’endroit si élastique. Quand il y eut enfoncé environ la longueur d’un doigt, il entendit simplement Serge murmurer, d’une voix calme :

— Ça fait un peu mal.

Il se retira aussitôt, et s’interdit de recommencer. La disproportion l’effrayait, bien que Serge, quant à lui, en parût tout à fait inconscient.

Plus tard, l’enfant répéta son geste. Jonathan comprenait mieux, désormais, les plaisirs du petit corps : il ne le pénétra pas, ou à peine, mais il lui masturba longuement l’anus par ce moyen, le laissa inondé, l’essuya — sinon que, quelques fois ensuite, Serge, avec sa tyrannie placide, demanda :

— Non, faut continuer quand c’est mouillé.

Et la chose fit partie de leurs attouchements habituels, sans être privilégiée parmi eux. Quant à Serge, après diverses provocations hésitantes et canailles, il sut volontiers se distraire aux fesses du jeune homme, bien qu’il ne s’occupât d’orgasmes qu’avec les doigts.

Ainsi, depuis longtemps, la sodomie était mélangée à leurs autres plaisirs ; elle n’y était rien de spécial ; elle y passait inaperçue. Seule la croissance de l’enfant, ou la durée de leur intimité, avait modifié peu à peu la nature des pénétrations — beaucoup plus profondes, mais toujours presque immobiles, de la part de Jonathan ; plus adroites, moins farceuses, plus longues et plus solidement logées, de la part de Serge.

Évolution qui se poursuivit, cet été-là. Un événement étranger, toutefois, était intervenu. En effet, Serge confia à Jonathan que, un peu avant les vacances, il avait sucé un garçon de quinze ans — qui l’avait aussi enculé, et sans égards. C’était dans la bande de types et de filles, d’un peu tous les âges, qui allaient chez Barbara. La proposition, abrupte, était venue de l’adolescent : Serge avait accepté sans faire d’histoires. Il n’y avait pas eu de suite : le grand, son truc expédié, avait eu la frousse et n’avait plus remis les pieds à la maison.

La confidence laissa Jonathan perplexe. Il n’avait pas imaginé que Serge eût pu vivre de telles choses ; l’enfant en parla à la rigolade et avec dédain — tous les gens qui fréquentaient sa mère étaient des cons. Il était cependant un rien fier que ce fût arrivé, Jonathan le vit bien. Mais les idées fausses que, malgré lui, le jeune peintre cultivait encore à propos des enfants l’empêchèrent d’interpréter, de comprendre cet épisode.

Il n’en conclut pas non plus que Serge aurait des complaisances désormais plus étendues, ou des passions plus dirigées, ou des initiatives plus vaillantes. En quoi il se trompait.

Mais il ne s’agissait pas de plaisirs que Serge aimait prendre par amour de Jonathan : il les recherchait pour eux-mêmes. Quand c’est à Jonathan qu’il pensait, il l’embrassait ; quand c’est à la bite et au cul qu’il pensait, il s’en servait. Et c’est ce sans-gêne qui rendait supportables à Jonathan ces étreintes qui, sinon, l’eussent intimidé jusqu’à le faire renoncer à elles. Comme Serge passait, sans transition, sans signal, à son caprice, de ce qui est « sexuel » à ce qui ne l’est pas, et inversement, et aimait à disposer du jeune homme comme si celui-ci, de son côté, n’eût eu aucuns désirs préalables et personnels, Jonathan était alternativement accablé et soulagé, malheureux d’être seul à désirer, heureux de ne plus l’être, sexué ou asexué selon les mouvements imprévisibles de l’enfant, dont il n’était lui-même que lieu, chair et miroir.


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