Quand mourut Jonathan (85)
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Les premières lettres de Serge furent négatives. Barbara n’avait plus de travail, elle était tout le temps là, et ses copains marginaux avec elle. Serge, gai, les dessinait avec des mouches autour, et tous barbus, même sa mère.
Mais le trait, les hachures des crayons de couleur déchiraient presque la feuille.
Jonathan n’avait jamais vu l’écriture de l’enfant, ni imaginé ses phrases écrites. Serge semblait y avoir cinq ou six ans de moins que lorsqu’il dessinait, ou qu’il parlait. Jonathan comprit que ce moyen de communication-là, hors de mode, que nul n’enseigne plus, que nul n’apprend plus, dont personne n’use plus, serait extrêmement précaire. C’était presque des signaux de fumée.
Pour reconnaître Serge, il prenait plutôt le grand papyrus. Lentement, il le déroulait ; et il regardait chaque image jusqu’au moment où se recomposaient dans son esprit les phrases que l’enfant avait prononcées sur elle. Il avait le droit d’en être ému, et de pleurer : cette vie-là, de toute façon, ne recommencerait jamais.
« … Là après, c’est juste pour voir sous l’eau. C’est juste l’eau. C’est le sable au fond. C’est d’autres poissons. C’est les fleurs de la mer. »