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Le cardinal, depuis toujours amateur de [[garçon]]s, autorise un collégien se baigner nu, de nuit, dans la piscine.





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L’extrait ci-dessous de Tombeau pour cinq cent mille soldats de Pierre Guyotat, édité en 1967 par Gallimard, évoque un vieil ecclésiastique pédéraste.

Le cardinal, depuis toujours amateur de garçons, autorise un collégien se baigner nu, de nuit, dans la piscine.


Le cardinal

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Extrait précédent
Les frères de Kment




Le cardinal craint le froid, il aime les bonbons, il n’a plus de désirs, il n’est plus excité par les femmes, ni même par les longs adolescents qui se jettent à la piscine ; jadis, au collège d’Ecbatane, dans sa chambre, ils parlent de leurs âmes inquiètes, jambes nues sur le velours rouge du fauteuil. Devant la porte, après la confession, il caresse leurs joues baignées de larmes, sa main descend, couche le duvet de la nuque, palpe les vertèbres du dos qui roulent, tendres et fragiles, sous ses doigts. Dans les promenades, dans les camps de vacances, les collégiens se laissent tordre les bras et tirer les cheveux par « Maman ». L’été, il passe le jour à suivre d’un œil qu’il veut distrait, les jeux des collégiens nus dans l’eau verte et filtrée de la piscine. Le titre d’ancien aumônier militaire lui donne autorité sur les garçons. Ceux-ci voient, dans sa légère claudication — adolescent, coup de pied d’un camarade fumeur et racoleur pour le bordel où il fuit sa mère divorcée — dénoncé par lui au Supérieur — l’effet d’une blessure de jeunesse sur le front des troupes. L’été rayonne sur Ecbatane ; auprès des parents, il fait en sorte que les plus beaux parmi les garçons, s’inscrivent sur la liste du camp volant : « Votre garçon a besoin de vivre en équipe. Le grand air l’endurcira. — Notre garçon a les jambes maigres, la bicyclette les lui fortifiera. Vêtements légers, très légers. » Au soir, ses désirs le renversent pantelant sur le couvre-lit ; le tiroir du bureau déborde de journaux, d’illustrés et de photos de nus confisqués, de papiers froissés, où il écrit furieusement, cent fois par nuit, le seul nom, les seules initiales de ses garçons favoris. Il se lève, il va à la fenêtre, il se penche, caresse la glycine qui tremble dans la nuit au souffle des oiseaux et du vent. Il plonge la tête dans ce bassin parfumé qui apaise et élève les désirs. Il écoute la rumeur des feuilles au bord de la piscine, le clapotement de l’eau traversée de rayons verts contre le ciment et le marbre. Il sort, il marche dans le cloître, le col de sa soutane entrouvert, vers les dortoirs. Un garçon, pieds nus, la chemise du pyjama déboutonnée, lui fait face soudain, à l’angle : « Où vas-tu, Jean-Baptiste ? — Prendre l’air. Ça sent la peste dans le dortoir. — Tu sais que tu n’as pas le droit de sortir ? Tu dois dormir dans les bras de Dieu. — Oui, mais je ne fais pas le mal et je veux voir la nuit. » Ils marchent vers l’escalier : « Mais, tu es pieds nus ? — À l’Océan, on marche pieds nus, même dans les chardons. Kate aussi. Avec nous elle boxe les garçons qui poussent les petits esclaves dans les orties. » Au bas de l’escalier, une palme de plante verte caresse la hanche du garçon, sa main se détend dans celle du prêtre. Ils traversent le cloître ; sur la terre, les éclats de verre, les quartz du laboratoire lancés par les bacheliers étincellent sous la lune : « Tu n’as pas peur de te couper ? — Vous me suceriez le sang… mes pieds sont de corne, comme ceux des diables… Pourquoi ne dormiez-vous pas, mon Père ? — À mon âge on ne dort plus guère. — Pourquoi ? — Dieu tient éveillé. » Le garçon étend son bras, sa main traîne sur le grillage du tennis, les flaques d’eau encombrées de feuilles pourrissantes brillent sur l’asphalte, les oiseaux en fuite font trembler les filets. Dans la vallée, les usines, les gares crépitent, grondent, jettent des rayons dans le ciel et sur les hautes forêts. Le garçon porte à sa bouche sa main tachée de rouille, des roses tremblent le long du grillage comme après la pluie : « Baigne-toi, Jean-Baptiste, la nuit est chaude et claire. — C’est défendu. — Baigne-toi, je te permets. — Le Supérieur veille encore, sa fenêtre est éclairée, s’il entend le bruit de l’eau ?… Vous resterez au bord pour expliquer ?… — Baigne-toi tout nu ; nous sommes entre hommes. Va. » Le garçon court sur le ciment, il se cache derrière un pilier du plongeoir, ôte sa chemise ; ses mains, ses genoux tremblent, la brise verte couche le duvet du bas-ventre ; le garçon délace son pyjama, il le fait glisser sur ses hanches jusqu’aux orteils, puis le piétine ; rapide, il court vers l’eau, il plonge : le prêtre, un instant, a vu le petit corps blanc, nourri de millet, d’épinards et de pruneaux, où les muscles tendus ne font pas encore d’ombre, le sexe court secoué sur les cuisses ; il a vu le regard bref et perçant que lui jette l’enfant avant de plonger ; il met sa tête dans ses mains et la secoue, l’enfant remonte en surface, secoue la tête au-dessus de l’écume, respire à grands traits, s’élance et plonge à nouveau ; le voici accroché au mur de bordure, le ventre coupé par l’eau sombre, attentif aux froissements des feuilles entrelacées aux piliers d’ombre, aux appels solitaires des putains dans la rue éclairée en contrebas du rideau d’arbres frissonnants ; le prêtre, accoudé à la balustrade d’acier, sourit au garçon haletant, petite bête douloureuse que le geôlier libère pour l’aimer, éblouie ; les pauses du garçon sont rapides, son plaisir, fiévreux, clandestin, sa gorge bat contre le ciment. Autour de la piscine, la terre est froide et noire, l’herbe couchée, encombrée de papiers d’argent et de lacets de tennis et d’espadrilles. Le garçon halète sous la lune, les cheveux plaqués au front, le menton ruisselant, la salive scintillant sur la gorge : « Encore un peu de temps, mon Père ? — Oui, ne prends pas froid. Fais la planche. » Le garçon plonge, le prêtre voit le corps se déployer, tourner, rouler sous l’eau, l’écume jaillir au bout des mains et des pieds ; le garçon roule sur le dos, se laisse porter, jambes et bras et tête abandonnés, l’eau gonfle et froisse le maillot, allège le sexe dedans. Le prêtre entrouvre sa soutane, jusqu’au ventre, ses mains serrent la balustrade : « Sors de l’eau, rhabille-toi. » L’enfant surpris par le cri sanglot, genoux au ventre, s’immobilise dans l’eau : « Père, déjà ? — Sors de l’eau. Je vois du sang rougir l’eau autour de ton cou… reste encore un peu de temps. » Mais l’enfant sorti de l’eau et debout, nu, sur la terre mouillée, ses mains cachant son sexe à cause de la colère du prêtre, ne peut s’y jeter de nouveau. Il court sur le ciment, il fait tournoyer ses bras et ses épaules, il frappe sa poitrine avec ses poings, il se place derrière le pilier du plongeoir, il frotte son corps ruisselant avec le pyjama chiffonné, se rhabille. Puis, il fait face au prêtre, il tremble, la toile du pyjama collée aux genoux et au ventre. Ils vont vers le cloître, silencieux, la main du prêtre serre l’épaule humide et palpitante du garçon. Devant la porte du dortoir il se penche vers le garçon, il tend sa joue parfumée : « Embrasse-moi : vous autres, enfants, tous vos actes sont purs. » Le garçon, dressé sur ses talons, vif, embrasse la joue du prêtre, ouvre la porte et s’enfuit dans le noir empesté. Le cardinal dort sous ses plumes.




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Table des extraits
1. Aïssa
2. Le chef et les marmitons
3. Serge adolescent
4. Les frères de Kment
5. Le cardinal
6. Les castrats du cardinal
7. L’enfant et le soldat
8. Le bordel du général
9. Les enfants perdus
10. Draga et le soldat
11. Les souvenirs de Pétrilion
12. Pétrilion et Draga
13. Pétrilion et le chien
14. Les garçons des rues
15. Bagne pour garçons
16. Les esclaves de Titov Veles
17. La mère de Cendre

Voir aussi

Édition utilisée

  • Tombeau pour cinq cent mille soldats : sept chants / Pierre Guyotat. – Paris : Gallimard, 1967 (Saint-Amand : Impr. Bussière). – 496 p. ; 21 × 14 cm. – (Le chemin).
    P. 157-161.

Articles connexes