« Le camp de jeunesse (Maurice Balland) » : différence entre les versions
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Dernière version du 2 janvier 2020 à 21:17
Le camp de jeunesse est une nouvelle pédérastique de Maurice Balland.
Au moment de la débâcle de 1940, Octave se trouva prisonnier des Allemands. Encore en France, il réussit à s’évader. Profitant du désordre régnant alors, il parvint à retourner chez lui à Lyon qui, peu après, fut dans la zone libre soumise au Gouvernement de Vichy.
Profondément ébranlé par les événements et surtout par une défaite si inattendue de son pays, empli de honte comme bon nombre de Français, il adhéra sans réserve aux orientations du nouveau chef de l’État, Pétain. Il fallait redresser la France meurtrie et préparer un nouvel avenir pour lui faire retrouver sa grandeur passée par la restauration des valeurs traditionnelles. L’État français remplaça la République qui avait engendré tant de maux et dont en outre on effaça la devise pour lui substituer celle de « Travail, Famille, Patrie ». C’était tout un programme.
Octave fut pétainiste au fond de l’âme et engagea sa famille dans cette voie. Il voulut que son fils, Thierry, âgé alors de quinze ans, le suivît dans cette orientation et, pour lui faire prendre le nouveau pli, il l’envoya dans l’un des camps de jeunesse qui furent institués pour former les adolescents dans la nouvelle idéologie. Le garçon partit donc vers un camp installé sur un plateau du contrefort alpin, dans l’Isère.
Thierry n’avait pas très bien compris ce qui s’était passé. Il savait que la France avait perdu la guerre. Après tout, à son âge, on ne voit pas plus loin. Pour lui, d’aller en camp de jeunesse, c’était tout aussi bien que de fréquenter le collège, sauf que toutefois on avait en plus la vie au grand air et la participation à diverses activités somme toute assez intéressantes. Il y avait aussi le paysage de montagnes, splendide, qu’il n’avait pas eu encore l’occasion de connaître, et qui l’enthousiasma. En plus, une atmosphère vivifiante où il faisait bon respirer. Cela le changeait de la plaine, et surtout de Lyon où l’air n’est pas toujours bon, souvent brumeux, au confluent de la Saône et du Rhône.
Un ancien camp militaire avait été utilisé pour y mettre cette jeunesse. Les différentes baraques abritèrent les divers services et les jeunes furent répartis dans celles qui servaient de dortoir. Le règlement du camp s’inspirait plus ou moins de celui des œuvres de jeunesse qui avaient existé auparavant et pour le moment désorganisées. Bon nombre de leurs cadres avaient été engagés comme moniteurs.
On commençait les journées par le lever des couleurs au cours duquel le chef du camp adressait un laïus aux garçons pour leur donner les consignes de la France nouvelle. Discours que d’ailleurs il reprenait à diverses occasions dans la journée car il importait d’inculquer à ces jeunes une haute notion de leurs devoirs pour reconstituer l’honneur et la gloire de la patrie.
« Soyez des hommes ! Il faut marcher la tête haute. L’avenir de la patrie est entre vos mains. Vous êtes destinés à devenir les pères de demain, responsables des enfants qui feront la nouvelle société, etc. » Et pour clore le discours, le chant « Maréchal nous voilà ! »
On insistait encore à l’époque sur la maîtrise du corps, le rejet des « débordements qui amollissent la volonté », le contrôle des impulsions naturelles caractéristiques à l’âge de l’adolescence, autrement dit, le refus du sexe.
À son arrivée au camp, Thierry alla s’installer dans la baraque servant de dortoir. Il y avait plusieurs rangées de lit. On lui en affecta un à l’extrémité de l’une d’elles, contre la cloison. Son voisin fut un garçon venu de Marseille, nommé Olivier, avec qui il sympathisa tout de suite car il ne connaissait personne encore. Au repas du soir il s’arrangea pour se trouver près de lui afin de le connaître un peu mieux. Il sut qu’il avait seize ans et que son père l’avait également inscrit au camp pour relever la France. Il s’en moquait un peu, mais de même que Thierry il y voyait un bon moment à passer en attendant autre chose.
Particulièrement entreprenant, ce garçon, dès le premier soir, invita Thierry à fraterniser davantage. Au dortoir, sitôt l’extinction des lumières, ayant relevé drap et couverture et dégagé son pyjama, se tournant vers lui, il l’invita à faire de même pour une exploration mutuelle. Il ne fallait pas s’inquiéter, avait-il chuchoté, puisque étant en bout de rangée, les autres ne verraient rien. Un peu étonné d’abord, puis se ravisant, Thierry volontiers acquiesça. Il laissa Olivier tendre son bras par-dessus la ruelle séparant les lits et lui permit de le branler, quitte à lui rendre la pareille ensuite. Dès cet instant, tout simplement et sans plus d’explication, commença une amitié qui se poursuivit pour la durée du camp. Thierry s’attacha aux pas d’Olivier et s’efforça de continuellement se trouver près de lui pour les rassemblements et au cours des diverses activités. Ce furent deux copains inséparables.
Les activités au camp étaient variées : séances d’entraînement physique, travaux à des chantiers dans la région afin d’aguerrir les jeunes et de les habituer à travailler en équipe pour la collectivité. Ils emmenaient pelles et pioches pour ces travaux, les portant sur l’épaule un peu à la manière de fusils, comme une sorte de préparation militaire en place d’un service national pour le moment inexistant. De temps en temps, pour les distraire et toujours dans le souci d’une formation en équipe, avaient lieu des jeux de piste comme en savaient organiser les moniteurs pour la plupart anciens scouts.
Entre toutes ces activités, les deux copains appréciaient surtout les jeux de piste plus distrayants et au cours desquels il leur était facile de se dissimuler dans des anfractuosités de la montagne pour se procurer mutuellement le plaisir dont ils étaient assoiffés en leur période d’évolution pubertaire. Olivier, un peu plus âgé que Thierry et de tempérament méditerranéen, se montra le plus entreprenant et particulièrement insatiable. Fort de la consigne quotidienne du chef de camp demandant aux jeunes de se préparer à refaire la France, faute de filles, il parvint à convaincre son copain d’expérimenter leur puissance masculine par des pénétrations anales. Thierry jusqu’alors n’y avait pas songé, s’étant toujours contenté de branlettes mutuelles avec son partenaire ou tout au plus de se sucer la verge l’un à l’autre. Il en fut émerveillé et trouva cette pratique si agréable qu’il s’y livra avec son copain toutes les fois qu’ils furent seuls.
Un jour, l’un des jeunes moniteurs les surprit dans leur activité clandestine. N’ayant pas eu le temps de remettre de l’ordre dans leur tenue pour simuler les innocents, ils s’attendirent à de verts reproches. À leur étonnement, le jeune chef ne s’indigna pas, mais au contraire leur proposa de participer à leurs ébats. Il prétexta que, le jeu étant à peine commencé, on n’aurait pas besoin de lui immédiatement si bien que l’on ne s’apercevrait de rien.
Les garçons furent ravis de pouvoir contempler et manipuler une virilité autrement développée que la leur, cela les valorisait d’avoir comme partenaire un jeune presque adulte. Déjà habitués à se pénétrer l’un l’autre, ils demandèrent au moniteur de leur accorder cette faveur pour connaître une plus grande jouissance. Ils avouèrent par la suite avoir éprouvé quelque souffrance, mais cela ne les rebuta pas. Ils convinrent de recommencer dès la première occasion. Une amitié à trois prit alors naissance et servit les deux copains qui allèrent de temps en temps dans la chambre de Gaston, le moniteur, pour leur satisfaction réciproque, et cela d’autant mieux que ce jeune chef leur enseigna comment faciliter les pénétrations par le moyen de lubrifiants appropriés, ce qu’ils apprécièrent grandement tant cela amplifiait leur excitation et portait à son comble leur jouissance. Pour eux, si l’on peut dire, tout, à ce camp de jeunesse, baigna dans l’huile.
Thierry écrivait régulièrement à ses parents pour leur donner de ses nouvelles. Il remerciait chaque fois son père d’avoir eu la bonne idée de l’envoyer dans ce camp où il se développait au grand air, mangeait bien, prenait des forces et apprenait tant de choses intéressantes et toutes nouvelles pour lui. Il assurait qu’il deviendrait un bon Français selon le désir du Maréchal. Il terminait sa lettre par l’exclamation habituelle au camp à chaque rassemblement : « Vive le Maréchal ! »
Cela faisait plus d’un mois que les garçons étaient au camp lorsque Gaston leur fit part de son inquiétude. Il lui semblait que le chef du camp avait éventé leur manège et il craignait de le voir sévir comme c’était évidemment son devoir. N’étaient-ils pas en train d’enfreindre par leur comportement les normes fondamentales de la morale rappelées chaque jour et d’aller contre la restauration des valeurs traditionnelles que le camp devait assurer ?
En effet, le moniteur fut convoqué par le chef du camp qui lui rappela qu’il ne devait pas se montrer plus attaché à certains campeurs qu’à d’autres. Il fit comprendre qu’il avait deviné ce qui se passait entre lui et les garçons et qu’il devait lui rendre le service de lui faire connaître la législation nouvelle promulguée par le gouvernement du Maréchal sous la pression des Allemands, infligeant une peine de prison aux auteurs d’actes contre nature commis entre personnes du même sexe. « Je fermerai les yeux, lui dit-il, pour ne pas vous créer d’ennuis, et puis il faut préserver le renom du camp. Mais je vais réfléchir à la question. Revenez demain. »
Ce chef, dans la quarantaine, ne logeait pas au camp, mais habitait avec sa femme, ou plutôt une jeune concubine, à l’orée du village. S’il avait accepté de diriger un camp, c’est qu’il aimait se trouver au milieu de la jeunesse. Il craignait de vieillir prématurément et cela lui redonnait comme de la vigueur et renouvelait son énergie pour satisfaire sa jeune concubine au tempérament insatiable. Celle-ci cependant trouvait qu’il manquait parfois de tonus. Il n’avait d’autre ressource alors que de faire venir l’un ou l’autre des moniteurs complaisants et de s’effacer pour le laisser avec sa belle.
Celle-ci les voulut de plus en plus jeunes et aurait volontiers accepté des garçons du camp pour les initier à l’amour. Le chef hésita longuement par crainte d’un scandale. Comment être sûr des garçons et obtenir d’eux une totale discrétion ?
L’occasion s’en présentait. Il reçut donc le lendemain le moniteur et lui proposa un accord. Celui-ci viendrait avec les garçons chez lui et tout se passerait pour le mieux avec sa femme toute disposée à leur enseigner la bonne morale et surtout de les aider à respecter la nouvelle législation.
Lorsqu’il écrivit à ses parents, Thierry leur fit savoir qu’il était de plus en plus heureux au camp et s’y développait à merveille au cours d’activités toujours plus intéressantes. « C’est vraiment chic, ici, on y comprend bien les jeunes. Je vous assure que maintenant je ne suis plus un bébé mais un garçon conscient de ses devoirs. Vous serez contents de moi quand je reviendrai à la maison. Soyez certains que je saurai me débrouiller pour continuer à appliquer ce que j’aurai appris au camp. Vive le Maréchal ! »
C’est ainsi que dans un milieu éminemment masculin comme l’est un camp de jeunesse, Thierry et Olivier, en compagnie de Gaston purent connaître les arcanes de l’amour enseignés par une jeune femme au cours d’activités sans doute hors programme, mais bien dans la ligne du renouveau voulu par le chef de l’État : Reconstituer les valeurs fondamentales et permettre aux jeunes de s’exercer à devenir d’excellents géniteurs dans le but de procurer à la France la jeunesse nouvelle capable de restaurer ses traditions et de reconstituer sa gloire passée !
(Devise d’un certain État français !)