« Le boulevard nous sépare… (Maurice Balland) » : différence entre les versions

De BoyWiki
Agnorum (discussion | contributions)
m m
Agnorum (discussion | contributions)
Lien table
 
Ligne 193 : Ligne 193 :


}}
}}
<br>
{{:Leçons particulières (Maurice Balland)}}


==Voir aussi==
==Voir aussi==

Dernière version du 2 janvier 2020 à 21:14

Le boulevard nous sépare… est une nouvelle pédérastique de Maurice Balland.





LE BOULEVARD NOUS SÉPARE…



Il ne peut y avoir d’obstacle à l’amour…



Après être sorti de la classe de sciences, Patrice éclate de rire puis imite le professeur, une femme, dont il emprunte le ton de voix aigre :

— Aujourd’hui, conformément au programme, je vous donnerai quelques éléments d’information sexuelle.

Encouragé par les rires de ses camarades, il poursuit :

— Les mecs, vous l’avez entendue ! On aurait juré qu’elle allait parler de la ponte chez les hannetons. Elle avait un air pour dire ça !

— Elle ne pouvait pas faire autrement, enchaîne Pierre. Elle n’est pas mariée. Je parie qu’elle n’a jamais fait l’amour, ça se voit à sa gueule. C’est pourquoi elle ne nous apprend rien, elle n’en sait pas plus que nous. Évelyne, qu’est-ce que tu en penses ?

L’air futé, ses cahiers dans une main, l’autre main posée sur sa hanche, la jeune fille s’exprime sans complexe :

— Tout ce que je vois, c’est que pour un cours de sciences, c’est pas fortiche. On a des T.P. à peu près pour toutes les parties du programme, mais pas pour celle-là. C’est con ! Comment veut-on qu’on soit expérimentés si on ne nous exerce pas ? Faudra qu’on continue à chercher par nous-mêmes !

Son frère jumeau, Philippe, à son tour intervient d’un ton gouailleur :

— Ouais ! Qu’est-ce que tu imagines ? Vous voyez pas, les gars, avec la façon dont la prof en parle, ça coupe l’envie de chercher.

— Ah, pourquoi ? interroge Jeanne, une grosse fille à l’air candide, qui lui donne un coup de coude pour provoquer sa réponse.

— Bien sûr, tu ne vois pas ? réplique le garçon, se tournant vers elle. Avec toutes ces précautions qu’elle nous dit de prendre, ça ne vaut pas le coup de coucher avec une fille. Demande à Fabrice.

Mâle en rut déjà, celui-ci d’un tour de main met du calme dans son pantalon puis, fixant les yeux sur Évelyne, d’un ton rageur, abonde dans le sens de Philippe :

— Ça, c’est vrai ! Il faudrait être sûr que la fille prenne bien la pilule.

Évelyne qui se sent visée hausse les épaules. Gardant son calme, elle lui lance :

— C’est pas compliqué, on l’avale comme un médicament. Évidemment, il faut en avoir et ne pas oublier de la prendre régulièrement.

Haussant à son tour les épaules, moqueur, Fabrice rétorque :

— Toujours aussi conne ! Mieux vaut se rabattre sur les capotes. L’emmerde, c’est que ça tient mal, ça gâche le plaisir. En plus, on devrait en avoir toujours dans sa poche.

— Con toi-même ! T’es pas plus malin ! lui lance Évelyne.

— Merde ! réplique Fabrice.

— Hein ! Fabrice, je ne te le fais pas dire ! C’est pas rien de programmer l’amour !

Philippe rit pour avoir clos la discussion sur un bon mot, puis il fait signe à sa sœur pour l’engager à ne pas s’attarder :

— Bon ! Il faudrait rentrer à la maison. Les gars, on se verra demain à la piscine ? D’ac ! Au revoir !

Sur le chemin du retour, resté préoccupé par le sujet, Philippe continue la discussion avec Évelyne.

— Chapeau, ta réflexion tout à l’heure ! Ce serait rigolo des T.P. d’enculage.

— On rigolerait, pour sûr ! Mais, crois-moi, ce serait sensas ! D’abord, on serait certains de faire l’amour au moins une fois, et puis, on aurait tout ce qu’il faut pour éviter de se faire flanquer le ballon. Fabrice, lui, il pourrait y aller, il n’attend que ça !

— C’est un truc à proposer au prochain conseil de classe. Mais, je vois d’ici la tête de la prof. Dis donc, j’y pense, vous êtes moins de filles que nous dans la classe. Après Fabrice, il faudrait te faire prendre par un autre.

Évelyne éclate de rire :

— Pourquoi pas ? Si Jeanne ne veut pas de Pierre, je m’en chargerai. Mais, tu sais, il y aura certainement des mecs coincés qui refuseront, ou d’autres à qui les parents vieux jeu l’interdiront. Le plus drôle serait qu’il n’y ait plus assez de garçons disponibles. Tu vois ça ! Dix filles pour un mec, il y aura de quoi le claquer et le dégoûter

— Certainement ! Mais, en fin de compte, je ne m’y collerai pas.

— Tu vois, toujours pareil, tu as peur des filles. C’est moi qui te paralyse ?


Le soir, dans sa chambre, au moment d’aller au lit, Philippe pense encore à la conversation de l’après-midi : « Ah ! Toujours pareil, pour Évelyne, j’ai peur des filles. Non ! Elle ne comprend pas, c’est tout !. Les filles, je m’en fous. Plus tard, peut-être. Et encore ! Je n’en suis pas tellement certain. J’aime trop ma liberté. Je n’irai pas comme ça, avec la première venue. Le coup de foudre !… Bah ! Je n’y crois pas. Celle qui m’aura, il faudra… » Et il s’énumère toutes les qualités qu’il en attendra. Une somme de conditions propres à rendre quasi impossible une éventuelle rencontre.

Ce que pour l’instant il désire, c’est un double de lui-même. Sa sœur jumelle ne l’est pas réellement puisqu’ils sont de sexe différent. Ah ! S’il avait un vrai jumeau, sorti du même sac, qui lui serait exactement semblable… Sans doute s’entendrait-il avec lui mieux qu’avec sa sœur. Elle lui donne trop l’impression d’avoir usurpé la moitié de son univers sans profit pour lui-même.

Incité par ses pensées, il s’approche de l’armoire à glace pour se regarder en pied, de toute sa hauteur. Mince, élancé, en dépit de sa taille élevée pour ses seize ans il ne peut passer pour un adulte, son visage reste encore poupin, à peine un soupçon de duvet souligne sa lèvre supérieure. Fier de sa jeunesse, désireux de voir les lignes de son buste, il déboutonne puis rejette en arrière sa veste de pyjama qu’il fait glisser le long de ses bras, la laissant tomber à terre. Sa poitrine apparaît, blanche, étroite, qu’il prend plaisir à caresser de ses mains. Puis, il triture de ses doigts les mamelons saillants de ses aréoles roses, provoquant une douce volupté qui fait monter en lui le désir.

Prestement, il dénoue le cordon tenant le pantalon qui, libéré, tombe sur ses pieds. D’un mouvement des jambes, il s’en dégage et, totalement nu, contemple son image, pour lui l’Apollon du Musée du Louvre ! Quelle fierté est la sienne à regarder ses attributs virils ! Enfant, il en a tant espéré le développement, ayant subrepticement aperçu des verges adultes dans des urinoirs. Enfin, il en décela le démarrage qu’il suivit attentivement presque jour après jour. Fort lente d’abord à son goût, l’évolution soudain se fit plus rapide, chamboulant son être par l’explosion de désirs nouveaux dont il était loin de soupçonner la violence. Ce fut comme un orage qui, après avoir accumulé lentement des énergies, éclate et les libère brutalement, renversant et brisant tout.


praxitèle
apollon sauroctone
(Musée du Louvre)


Il se souvient aussi quand apparut le poil, puis de l’augmentation sensible du volume de ses couilles : des billes de plus en plus grosses, puis des œufs de jeune poulette… L’oisillon devenu jouvenceau ! Et sa verge raidie parvenue à une dimension supérieure à celle de sa main qui l’enserre fébrilement tandis qu’une décharge de secousses rapides issue de son organe va s’irradiant, lui traversant le corps, le suffoquant presque ! Enfin vint le jour où simultanément jaillit une quantité appréciable du liquide longtemps espéré : le cri de joie qu’il poussa pour être parvenu à la plénitude de son être. Pourquoi alors était-il seul, sans témoin de son allégresse ? Si, plus tard, en compagnie de Fabrice, il renouvela les gestes amenant le plaisir, il ne fut pas pareillement satisfait. Son partenaire avait joui de concert mais « tout bêtement », comme d’une chose banale. Aucun courant n’étant passé entre eux, ils eurent peu envie de recommencer. Fabrice, d’ailleurs, s’intéressait déjà à Évelyne.

Esseulé pour l’assouvissement de son plaisir, Philippe, comme depuis peu il en a pris l’habitude, se plaque contre le miroir, tenant le meuble à bras le corps et, autant que faire se peut, se colle au long de son image : lèvres contre lèvres, poitrine contre poitrine, ventre contre ventre, cuisses contre cuisses. Serrée entre la glace et son abdomen, sa verge dressée comprimée sur elle-même.

En cette soirée de juin, alors que la température ambiante est élevée encore, le verre communique à son corps une agréable fraîcheur qui bientôt s’estompe quand sa propre chaleur passée dans la paroi lui revient, donnant à son image la réalité d’un être de chair : son double qui le regarde droit dans les yeux et contre qui, pris de frénésie, il se trémousse jusqu’à ressentir les spasmes de l’orgasme. Contraint de lâcher prise, s’écartant du miroir, il y constate avec satisfaction l’empreinte laissée par son corps d’où semble émaner son sperme que, souriant, il regarde s’écouler lentement en traînée laiteuse vers le sol.


Le lendemain, à la piscine en compagnie de sa sœur jumelle, il ne retrouva que Fabrice. Il y avait du monde, ce qui ne l’empêcha pas, bon nageur de crawl, de se frayer un passage au travers des baigneurs, les écartant par les projections d’eau que produisaient ses mouvements rapides et soutenus. Son copain et Évelyne se contentèrent de barboter aux limites du grand bain, mettant à profit leur rencontre de l’après-midi pour un dialogue qu’ils imaginaient être celui d’amoureux.

Après plusieurs parcours alternatifs du bassin, Philippe s’approche d’eux afin de se reposer un peu.

— Dis donc, s’adressant à Fabrice, l’idée de ma sœur de T.P. de baises n’est pas bête. J’en ai parlé avec elle en revenant à la maison. Serais-tu d’accord pour la proposer à la prof ?

— T’es pas fou ? Tu verrais sa gueule ! Tout est prévu sauf ça, et tu le sais bien. Et puis, j’ai idée que ces séances d’information prévues au programme, c’est pas tellement pour nous apprendre à faire l’amour, que pour nous couper les couilles. C’est un truc à nous paniquer pour nous empêcher de baiser.

— Au fond, c’est de la contraception mentale !

— Ça, c’est sûr, intervient Évelyne, on ne fait que de nous brimer et on s’arrange pour tout nous interdire. Les adultes veulent tout se réserver pour eux. Ils ont peur de nous et de tout ce que nous faisons.

— Oui, c’est bien vrai, nous leur donnons peur, insiste Philippe qui, désirant à nouveau nager, s’éloigne et s’élance d’un coup de reins.

Par inattention, ayant mal calculé son élan, il fonce tête baissée sur un nageur qu’il heurte violemment et déséquilibre. Celui-ci, un homme d’une trentaine d’années, le saisit à bras-le-corps pour se rattraper et, bizarrement, les voilà tous deux face à face agrippés l’un à l’autre, corps contre corps, jambes entremêlées. En un éclair surgit dans la tête de Philippe le souvenir des étreintes au miroir de sa chambre. Une révélation soudaine illumine son esprit : « Ah ! Si je pouvais à volonté enlacer cet homme, un homme, tout homme qui répondrait à mon attente ! » L’étreinte ne dura qu’une seconde, le temps de susciter en chacun un commun désir révélé par l’éclat des regards échangés. Nullement fâché, apparemment ravi, l’homme appliqua une tape amicale sur le dos du garçon et proposa :

— Tu nages bien ? Moi aussi. On fait une course ?

« Tiens ! un type qui ne redoute pas de se mesurer avec un jeune ! » pense Philippe. Et les voilà, frais amis, engagés dans une chaude compétition qui bientôt les oblige à s’arrêter pour souffler un peu.

— Je m’appelle Gérard.

— Et moi Philippe.

Les présentations faites, intéressés l’un par l’autre, rapidement ils en arrivent à se connaître, découvrent qu’ils sont presque voisins, habitant deux quartiers contigus de la capitale séparés par un important boulevard. Entraînés par leur conversation, ils paraissent amis de longue date quand une projection d’eau interrompt leur dialogue : c’est Évelyne qui approche et signale sa présence pour attirer l’attention de son frère :

— Dis donc ! Il serait peut-être temps de rentrer.

— Oui, attends un peu, je parle avec Gérard. Tu peux t’en aller si tu veux. J’irai après. Et puis, profites-en, il n’y aura personne à la maison avant sept heures, emmène Fabrice, vous serez tranquilles. Il y a des capotes dans le tiroir de la grande chambre.

Sa sœur hors de portée, il explique à son nouvel ami :

— C’est ma frangine, l’emmerdeuse. J’ai le temps de rentrer. On partira tout à l’heure. Une course encore ?

À nouveau, ils parcourent plusieurs fois le bassin, attentifs à ne pas se dépasser, nageant à la même allure pour le plaisir de se regarder l’un l’autre.

— Tu es fameux !

— Et vous donc ! On se reverra ?

Après le passage à la salle de douches où, dans une atmosphère de buée et de tiédeur et une joyeuse ambiance, se précisa l’envie de l’un pour l’autre, ayant récupéré leurs sacs de vêtements au vestiaire, ils s’enquirent de cabines où se rhabiller. Il n’en restait qu’une non occupée. Qui des deux aurait à attendre ? Leurs regards interrogateurs se croisent. Y percevant la similitude de leurs intentions, ensemble ils s’écrient « oui ! » et s’engouffrent dans la cabine dont ils tirent la porte sur eux.

Les slips enlevés, Philippe fait remarquer l’avantage d’être à deux, de pouvoir s’essuyer réciproquement le dos, et se tourne pour recevoir le premier ce service. Heureusement surpris, sans hésiter, Gérard l’éponge de la serviette en descendant des épaules. Fasciné par le corps qu’il touche, il caresse plutôt que de frotter et sent monter des profondeurs de son être un désir qui le met en émoi.

Prudent encore, afin de couper court, brusquement, il cesse de passer le linge et recule, ce qui fait se retourner le garçon. Tous deux alors constatent que pareillement ils sont excités. C’est le coup de foudre ! Tel le fer attiré par l’aimant s’y précipite, Philippe s’agrippe à Gérard, se colle contre lui face à face, poitrine contre poitrine, ventre contre ventre, cuisses contre cuisses : comprimées entre les abdomens, leurs verges dressées l’une contre l’autre. L’étreinte aussi violente que subite ayant stimulé au plus haut point leurs sensibilités, presque aussitôt ils se voient simultanément secoués par les spasmes de l’orgasme qu’ils s’efforcent de prolonger en maintenant aussi longuement que possible leur accolade amoureuse.

Abasourdi, Gérard a peine à réaliser ce qui vient d’advenir. Bien des fois, il a fait l’amour avec des garçons, mais c’est par touches successives qu’avec chacun il est parvenu aux étreintes sexuelles. C’est la première fois qu’un jeune le prend d’assaut quasiment sans prévenir. « Qu’a donc dans le sang, celui-là ? » songe-t-il. Après un « ouf ! », il demande :

— Ça t’est déjà arrivé, ça ?

— Non, mais ça fait pas mal de temps que j’y pense.

Pour sûr, Philippe ne paraît aucunement marri de son audace, ni gêné pour l’acte excessif auquel il s’est livré. « Ce geste s’accorde bien à une tendance profonde de sa nature », pense Gérard, estimant en outre qu’il ne lui appartient pas de décevoir le garçon.

— Eh bien ! Tu as réussi ! Après tout, si ça te plaît, on pourra se revoir.


Leurs caractères étant assortis, le chemin du logis de Gérard devint familier à Philippe : l’adolescent avait trouvé en cet adulte le double, objet de ses profondes aspirations. Peu lui importait quand la professeur de sciences, de sa voix aigre, soulignait : « Il est des relations sexuelles particulières peu conformes à l’usage normal des choses… » Volontiers, et avec quelque pitié, lui pardonnait-il son esprit conformiste puisque, servilement de par sa fonction, et en toute bonne conscience de par son éducation, elle se contentait de suivre le programme qui lui imposait de pourvoir ses élèves d’idées couramment reçues sur le sexe.

Un doute cependant subsistait dans l’esprit du garçon. Au jour anniversaire de leur première rencontre, allongé sur son ami, relâchant son étreinte et s’arc-boutant sur ses bras pour se redresser un peu et le regarder en face, il lui fit part de son inquiétude :

— Crois-tu qu’on pourra s’aimer toujours ?

— Pourquoi pas ? Nous sommes si complémentaires, comme les couleurs de l’arc-en-ciel dont la fusion crée la couleur blanche : notre amitié illumine notre vie à tous les deux. Que crains-tu ?

Et Philippe d’exprimer ses doutes sur la stabilité des sentiments. Les exemples ne manquent pas pour confirmer son avis. Ainsi, sa sœur et Fabrice ne veulent plus se voir, et pourtant plusieurs fois ils ont fait l’amour. De même Pierre et Jeanne se sont essayés et maintenant rien ne va plus entre eux. Le plus grave est que son père a depuis plusieurs mois déserté le foyer pour s’établir avec une amie à qui il a fait un gosse. « Tu te rends compte, à son âge ! Et puis, j’ai un demi-frère. Oh ! je ne l’ai pas vu, et je ne le verrai peut-être jamais. Après tout, je m’en fous ! Mais, c’est maman qui est seule maintenant. J’ai peur que ça la déboussole. »

Pour ne pas l’interrompre, Gérard a écouté sans rien dire. Percevant dans sa voix un brin d’émotion, il y décèle l’attente d’une réponse rassurante autant que la crainte d’un rejet. Prenant entre ses mains la tête de Philippe, les yeux dans les yeux, il demande :

— Tu voudrais être sûr de moi ?

— Oui, tu es ma raison de vivre.

Alors, mutuelle réponse aux réciproques questions, ils s’embrassent longuement puis conviennent que la stabilité de leurs sentiments dépendra de la possibilité pour eux de rencontres régulières.

Après examen des situations respectives, il apparaît qu’à l’avenir aucun obstacle ne se lèvera entre eux. Évelyne entichée à présent de Pierre songe à s’établir avec lui en ménage et s’échappera de la maison dès que possible. « Alors, note Philippe, je resterai avec maman. Je ne me marierai pas, comme ça elle ne sera pas seule. »

— Et moi, enchaîne Gérard, je ne me vois pas partir d’ici. C’est mon intérêt de rester tant que les affaires marcheront bien, et rien ne laisse supposer que cela ne durera pas.

— Alors, poursuivent-ils ensemble, on pourra toujours se voir !

Une ardente étreinte scelle leur profond accord.

— C’est merveilleux, nous serons unis comme je l’ai toujours rêvé, s’exclame l’adolescent tressaillant de plaisir.

— Oui ! Unis dans l’identité de nos sexes, souligne son ami adulte pareillement comblé.

Un temps de silence les imprègne tandis qu’ils savourent leur commun bonheur. Puis, caressant le dos de Philippe resté allongé sur lui, Gérard, un brin de mélancolie dans la voix, ajoute encore :

— Mon bel Apollon, il ne reste pas moins que le boulevard nous sépare.


*



Retour à l’article principal Nouvelles (Maurice Balland)

Table des matières
LEÇONS PARTICULIÈRES
nouvelles
 
LES DEUX COPAINS
nouvelles
Deuxième série
   
Leçons particulières Les deux copains
Ne suis pas n’importe qui !… Vous reviendrez demain ?
L’apprenti Un papa heureux !
C’est vraiment mieux ! Manoel
Enfant de cœur ! Le laveur de pare-brise
Sortis du tunnel ! Dominique
Droits de l’Homme ! Le gars de la colonie
Chassé-croisé Un moyen de communiquer !
Mon maître Les Buttes-Chaumont
Le boulevard nous sépare… On a commencé par la queue !
Le garçon dans la nuit Vacances en Angleterre
La fugue Je ressemble à papa !
Le camp de jeunesse Au musée
La Villette L’Espagnol
La relève Ce n’est pas dans l’ordre !

Voir aussi

Articles connexes