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Dernière version du 2 janvier 2020 à 21:27

Le laveur de pare-brise est une nouvelle pédérastique de Maurice Balland.

Le mode de vie du personnage adulte, Julien, ressemble à celui de l’auteur après son départ de l’ordre des capucins : visites de garçons du quartier dans son petit appartement parisien du rez-de-chaussée, ordinateurs équipés de jeux vidéos, code de sonnerie pour éviter les visites importunes, etc.





LE LAVEUR DE PARE-BRISE



Julien est un bricoleur invétéré. Sans cesse, il trouve quelque chose à faire dans son appartement. Il s’est mis en tête d’arranger une étagère pour la placer à côté de son jeu vidéo dans sa salle de séjour afin d’y mettre les cartouches qui servent pour ce jeu. Jusqu’à présent ces logiciels sont dans l’armoire de sa chambre, et les enfants qui jouent chez lui doivent aller les y chercher, ce qui le gêne et l’oblige parfois à surveiller leurs allées et venues dans son appartement.

Il lui manque quelques clous spéciaux pour achever son travail. Il ne les trouvera pas au Prisunic voisin et sera obligé d’aller au rayon de quincaillerie de la Samaritaine. Voilà de quoi occuper son après-midi, ce jour-là. Ce sera aussi une sortie. Après tout, il a besoin de prendre l’air. Pourtant, il fait bien chaud. On est en fin du mois de juillet et la canicule est particulièrement intense.

Son emplette faite, il pense s’attarder quelque peu et marcher le long de la Seine en regardant les boîtes des bouquinistes. Il a le temps de rentrer, et puis son travail n’est pas tellement pressé puisque c’est les vacances et les trois gars qui viennent habituellement le voir ne sont pas là en ce moment. D’ailleurs, il ne les reverra pas à la rentrée, l’un d’eux a déménagé, un autre, antillais, est reparti avec ses parents à la Martinique. Quant au troisième, déjà assez âgé, il a devancé l’appel et partira au service militaire le mois prochain.

Julien se demande quel garçon viendra à la rentrée. Il n’en connaît pas d’autres dans son quartier, et ceux qui le quittent n’ont pas eu l’idée de suggérer à quelque copain de venir à leur place.

C’est l’esprit ainsi préoccupé que, marchant le long du quai de la Mégisserie, il arrive au niveau de l’arrivée sur celui-ci des voitures venant de la voie sur berge et passant là pour aller au Châtelet. Cette sortie, presque au niveau du Théâtre du Châtelet, est assez fréquentée d’autant qu’il n’y en a pas d’autre avant l’Hôtel de Ville.

Julien remarque deux garçons qui ont trouvé un moyen de se faire des sous. Ils profitent que le flot des voitures soit arrêté par le feu rouge pour nettoyer les pare-brise. Ils ont amené pour cela de l’eau dans des bouteilles et l’ont mise dans une cuvette où tremper leur éponge. Puis ils passent une raclette qu’ils essuient avec un chiffon. Ils font tout simplement comme ils ont vu pratiquer dans les stations-service. Leur matériel est placé au pied de l’armoire à signalisation proche, ce qui le protège des pieds des passants.

Julien les regarde faire. Certains automobilistes rechignent et ne donnent rien. D’autres, plus compréhensifs, sourient, puis laissent une pièce. Il en est qui ne se hâtent pas de redémarrer lorsque le feu passe au vert afin de les laisser terminer. Ce qui parfois provoque l’impatience du chauffeur de la voiture suivante qui donne un coup de klaxon.

Les garçons sont bien affairés. Ils ont juste le temps entre deux feux de faire leur besogne. Ils évoluent entre les voitures, courant de l’une à l’autre. Julien les compare aux singes qu’il a vus au zoo de Thoiry, lorsque sa voiture a traversé leur réserve un jour qu’il y était allé avec l’un de ses petits cousins, ce qui avait bien fait rire celui-ci. Il se souvient de ce jeune parent, bien grandi maintenant puisqu’il fait son service militaire, qui lui avait procuré bien des joies par sa gentillesse et aussi sa docilité aux caresses. Les garçons qu’il voit ici, sur le quai, seraient-ils aussi dociles ? « Mon Dieu, songe-t-il, que je suis sot. Je ne sais où ils habitent et s’ils seraient disposés à venir chez moi. Pourtant, celui-là a l’air bien intéressant, il doit avoir quatorze ans bien sonnés, et il fait déjà bien viril. L’autre a l’air plus jeune, mais il a aussi une bonne tête. J’aurais plaisir à mieux le connaître, surtout qu’à bien le regarder, il ne semble plus un bébé. » Expérimenté, et autant qu’il lui est possible de regarder ces jeunes en mouvement, de ses yeux Julien examine, scrute, les corps des deux adolescents en l’endroit précis où supputer leur capacité.

Les garçons semblent infatigables. Y aurait-il un moment pour leur dire un mot, engager peut-être une conversation ? Julien s’accoude sur le parapet et attend. Il les regarde, espérant attirer enfin leur attention. De fait, l’un d’eux, le plus grand, s’étant approché de lui, il lui adresse un mot :

— Alors, ça marche ? Vous faites des affaires ?

— Oui, aujourd’hui c’est épatant, on va avoir assez pour notre argent de poche des vacances.

— Vous n’êtes pas bêtes. Vous venez là tous les jours ?

— Cela fait trois fois, mais demain on part en vacances.

— C’est dommage, j’aurais bien aimé vous revoir. C’est intéressant de rencontrer ainsi des garçons débrouillards. Où demeurez-vous ?

— Rue de Tourtille.

— Sans blague, à Belleville ! Moi, je suis dans la rue Ramponeau. On est voisins alors.

— De la rue Ramponeau, vous n’êtes pas le monsieur qui a des ordinateurs ?

— Oui, vous me connaissez ?

— Des copains nous en ont parlé.

— Alors, venez me voir à la rentrée. Voilà mon adresse exacte, je suis au rez-de-chaussée. Quand vous viendrez, sonnez deux coups, c’est le code pour reconnaître un ami avant d’ouvrir, le quartier n’est pas toujours sûr, vous le savez.


Venez à la rentrée ! Et on n’est qu’en fin de juillet. Passera le mois d’août. Les vacances auront fait oublier aux deux garçons. Julien nourrit peu d’espoir de les revoir en septembre. Ce serait trop beau. Il y a eu parfois des miracles, mais il ne faudrait pas compter tellement dessus, la caractéristique du miracle est d’être exceptionnel. En attendant, occupé à son bricolage, il le termine ne sachant encore quel garçon utilisera sa nouvelle étagère à cartouches de jeu.

Septembre arrive. Julien n’a pas perdu espoir. On ne sait jamais, bien sûr. Les garçons sont tellement imprévisibles. On croit être sûr de celui-ci fort désirable, et il vous claque dans les mains. Tel autre sur lequel on ne compte guère, qui n’est pas tellement attirant, c’est celui-là qui se pointe. Allez comprendre. Les sentiments ne se commandent pas. Que c’est éprouvant lorsque les espérances ne se portent que sur les jeunes !

Voilà quinze jours déjà que la rentrée scolaire a été effectuée, et aucun des deux garçons qu’il a vus sur le quai ne s’est manifesté. Il faudra tirer un trait dessus !

Un samedi après-midi, alors qu’il s’apprêtait à sortir, voilà que deux coups de sonnette retentirent à sa porte. Son cœur fit un bond et son sang un tour. « Si c’était eux », pensa-t-il, et il courut ouvrir.

C’était l’un des garçons, le plus grand, qu’il accueillit avec empressement.

— Que je suis heureux de te revoir ! Tu as passé de bonnes vacances ?

— Oui. Je n’avais rien à faire aujourd’hui, et ce n’est plus le moment d’aller sur le quai, alors, j’ai pensé à vous, et je me suis dit que je pourrais jouer avec vos jeux, ça me passerait le temps, surtout qu’il ne fait pas bien beau pour rester dehors et je m’emmerde à la maison.

— Et ton copain ?

— Il a toujours des devoirs à faire, il m’énerve, alors je l’ai plaqué, il ne m’intéresse plus.

— Bon, peu importe, je suis content de te voir. Tiens voilà mon jeu. Ce n’est pas difficile.

— Oui, je saurai me débrouiller.

Julien se tient à côté de lui et le regarde jouer. Il a l’air de se tirer rapidement d’affaire. D’ailleurs les jeunes ont un génie pour faire fonctionner les jeux vidéo, plus que pour leur travail scolaire qui ne les passionne pas autant. Le garçon a l’air assez confiant. Il parle volontiers et Julien apprend qu’il est près de ses quinze ans, qu’il s’appelle Pascal, qu’il a des frères et des sœurs, qu’il doit partager sa chambre avec son frère plus jeune que lui et que ça l’emmerde. Il dit aussi qu’il est élève au lycée d’enseignement professionnel proche, mais que ça ne lui plaît pas beaucoup, on l’a mis dans les professions du bâtiment et il aurait préféré faire de la mécanique.

Tout en l’écoutant, Julien l’examine. Il est fortement bâti, et il a de grosses mains. Ce ne doit pas être un délicat. Les traits de son visage sont plutôt communs, son cou est court, ce qui lui donne une allure tassée. Il n’a rien d’un garçon élancé, svelte, comme il les désire. Après tout, s’il a par ailleurs de sérieux attraits, peu importe. Julien essaie de se rendre compte. Mais le garçon est assis, et ses mains tenant la manette de jeu l’empêchent de bien voir. Pour la première fois qu’il vient, il faut rester prudent. S’il revient, il cherchera à se rendre compte davantage.

En attendant, pour faire diversion, il lui propose un jus de fruit. C’est qu’il fait encore chaud, un peu orageux même. De la sorte il rend agréable au garçon sa venue chez lui, ce qui l’incitera à revenir.

Le garçon parti, Julien reste perplexe. Ce jeune est bien sympathique, mais ses intentions sont plutôt banales. Va-t-il s’encombrer d’un gars qui vient uniquement parce qu’il s’ennuie et que le temps est maussade ? « Après tout, pense-t-il, faute de grives on mange des merles. Je verrais bien. Depuis vingt ans que je connais des garçons, je suis toujours arrivé avec eux à ce que j’ai voulu. Ce Pascal serait bien la première exception. »

Pascal revint plusieurs fois. Il sembla s’habituer à jouer et aussi à la présence de celui qui le considère comme son ami. Cependant, Julien restait sur sa faim, n’arrivant pas à trouver de prétexte valable et quasi normal pour déclencher une curiosité amenant à quelque investigation plus poussée. Ce garçon était-il sans les désirs propres à son âge ?

Un jour, il sonna à huit heures du matin. C’était la première fois qu’il venait si tôt et dans la matinée encore. Julien, nu, faisait sa toilette. Il enfila son slip et alla ouvrir. C’était bien Pascal qui ne parut pas étonné et même, dans ses yeux, Julien y lut un certain contentement. Une intuition lui vint :

— Tu tombes bien, j’allais prendre ma douche. Tu vas m’aider en me lavant le dos.

Le garçon ne se fit pas prier et, à l’étonnement, ou plutôt à la satisfaction de Julien, il se mit à poil :

— C’est pour ne pas mouiller mes vêtements.

On s’en serait douté.

Et les voilà tous les deux sous la douche. Julien ne se lasse pas de regarder les avantageux organes du garçon parés d’une touffe imposante de poils. Il en bande d’envie ; le garçon ne peut celer davantage son ardeur. Ils sont là, l’un devant l’autre, n’osant se décider. Enfin, Julien empoigne la verge du garçon. Celui-ci l’arrête :

— Non, je ne suis pas pédé !

— Qu’est-ce qui te prend ?

— Oui, on nous a dit au cours d’information sexuelle que c’étaient des pédés les hommes qui se branlaient entre eux.

— Je ne te saisis pas, alors pourquoi es-tu venu me surprendre presque au lit ?

— Je ne sais pas, je voudrais comprendre.

— Comprendre quoi ?

— Pourquoi je n’ai plus voulu branler avec mon copain et que j’ai pensé à vous.

Julien de son côté pense que ce garçon est bien compliqué. Oh, pas plus que tant d’autres qui se cherchent et sont longs à démêler ce qui se bouscule en eux. Il a une idée :

— Écoute, je suis un adulte, et toi un garçon, alors on ne sera pas deux hommes qui se branlent, c’est simple.

— Croyez-vous ? Et puis, c’est avec des filles qu’on devrait aller.

— Quoi encore ?

— Oui, pour leur mettre dans le trou.

— Oh, ce n’est que ça. Attends un peu.

Et Julien d’amener Pascal dans sa chambre, sur son lit, de se mettre en position passive pour lui permettre de le pénétrer. Ce que le garçon fit sans demander plus d’explications, l’instinct lui ayant fait trouver et le chemin et la manière de se satisfaire de cette façon qui lui enlevait tout scrupule.

Pascal repu, Julien lui dit :

— Alors, tu es content, tu n’es pas pédé, tu as joui de façon presque normale pour un homme. Du moins, si je puis dire car je ne vois pas pourquoi certaines manières de faire seraient plus normales que d’autres. Le tout est pour chacun de jouir de la façon qui soit la plus conforme à ses aspirations.


Durant plusieurs semaines, Pascal eut sa ration de plaisir toujours de la façon lui épargnant des scrupules. Julien s’en contenta puisqu’il faisait ainsi le bonheur du garçon. Après plus d’un mois, celui-ci vint un soir avec une fille de son âge. Il expliqua que ne pouvant la recevoir chez ses parents et n’ayant pas davantage la possibilité d’aller chez elle ni ailleurs, et comme ils ne savent pas où aller, il a pensé que Julien n’y verrait pas d’inconvénient, il a tellement confiance en lui. Pour sûr, Julien lui fait confiance, mais c’est aller un peu loin ! Il ne sait quel parti prendre. Il aime les jeunes, ou plutôt une catégorie de jeunes. Les filles le laissent indifférent. Comme écrivait Gide, elles sont comme des gigots sans manche, on ne sait par quel bout les prendre ! Quant aux garçons, il n’y a aucune équivoque.

Julien malgré tout a bon cœur, les deux amoureux pourront rester pour la soirée, il leur laissera son lit, pendant ce temps-là, il attendra assis dans son canapé devant la télévision. Il respectera leur intimité. Pascal habitué à le pénétrer saura frayer son chemin dans un trou d’une autre complexité. Là, comme aux jeux vidéo, les jeunes ne sont jamais embarrassés pour trouver le mode d’emploi.

La porte de sa chambre étant restée ouverte, Julien entendit leurs gloussements au cours de leurs ébats, ce qui l’excita quelque peu et il eut à se satisfaire en solitaire tandis qu’il avait de la compagnie dans son appartement mais, cette fois, pour lui comme un fruit défendu.



« Amour appelle Amour,
Amour à Amour répond…
Du fond de la terre, attiré par des liens invisibles,
Par-dessus les terres, de l’aurore au couchant,
Amour vient vers Amour. »

Robert Bridges


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Table des matières
LEÇONS PARTICULIÈRES
nouvelles
 
LES DEUX COPAINS
nouvelles
Deuxième série
   
Leçons particulières Les deux copains
Ne suis pas n’importe qui !… Vous reviendrez demain ?
L’apprenti Un papa heureux !
C’est vraiment mieux ! Manoel
Enfant de cœur ! Le laveur de pare-brise
Sortis du tunnel ! Dominique
Droits de l’Homme ! Le gars de la colonie
Chassé-croisé Un moyen de communiquer !
Mon maître Les Buttes-Chaumont
Le boulevard nous sépare… On a commencé par la queue !
Le garçon dans la nuit Vacances en Angleterre
La fugue Je ressemble à papa !
Le camp de jeunesse Au musée
La Villette L’Espagnol
La relève Ce n’est pas dans l’ordre !

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Articles connexes