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Le gars de la colonie est une nouvelle pédérastique de Maurice Balland.
Le Jardin des Plantes de Paris, site du Muséum national d’histoire naturelle, se trouve à côté de la gare d’Austerlitz, d’où partent les principales lignes desservant le sud-ouest de la France et en particulier les Pyrénées.
Les précisions concernant Victor — ancien professeur de sciences à la retraite, habitant près de la gare du Nord, circulant en deux-chevaux — s’appliquent exactement à l’auteur.
Le 31 août est tombé un dimanche en 1980 et 1986.
« Socrate et Platon n’eussent pas aimé les jeunes gens, quel dommage pour la Grèce, quel dommage pour le monde entier ! »[1]
Journal, 1889-1939
En ce dimanche après-midi, dernier jour du mois d’août cette année-là, Victor prit sa voiture, pour aller faire une tournée au Jardin des Plantes. Ce ne lui était pas habituel, il n’utilisait sa deux-chevaux que pour circuler hors de la capitale. Eut-il une sorte d’intuition, se disant qu’elle pourrait sans doute être utile s’il lui fallait rendre service et dépanner quelqu’un comme cela arrivait parfois ?
Il laisse sa voiture au parking de la gare d’Austerlitz, et va pour une visite au Muséum qu’il aime revoir de temps en temps en souvenir de son activité de professeur avant d’avoir atteint l’âge de la retraite.
Il les connaît par cœur tous ces squelettes de la grande galerie, toutes ces préparations anatomiques dans les meubles entourant la salle. Il ne s’est jamais lassé de les regarder. Manie d’enseignant qui ne perd pas des habitudes devenues invétérées !
Jugeant y avoir passé suffisamment de temps et pensant que la chaleur extérieure devait être suffisamment atténuée, il sortit pour aller flâner du côté de la gare avant de reprendre sa voiture.
Il alla jusqu’à la hauteur de la sortie, côté des grandes lignes, où régnait une intense activité. C’est que de nombreux trains arrivaient en cette fin des vacances d’été, peu de jours avant la rentrée scolaire proche en septembre.
Il y avait de nombreux enfants. En effet, plusieurs colonies revenaient par les mêmes trains. Il y avait aussi foule de parents venus les attendre, et bientôt ce fut un carrousel de voitures, de taxis, pour embarquer qui son fils, qui sa fille. Des parents empoignaient les bagages de leur progéniture et se dirigeaient vers le parking. Il y avait aussi des services de cars pour les enfants en transit devant aller vers d’autres gares parisiennes et continuer leur voyage vers le nord ou l’est.
Peu à peu, le feu de l’activité s’atténua, d’autres trains étaient signalés mais ne devaient pas arriver immédiatement. Les abords de la sortie devinrent quelque peu déserts. Il n’y avait plus grand monde pour l’instant. Victor remarqua un garçon resté seul. Il s’était assis sur l’un des bancs le long du trottoir, et avait posé sa valise à côté de lui. Son bagage avait l’air minable, particulièrement fatigué entouré d’une ficelle pour le consolider. L’enfant semblait attendre qu’on vienne le chercher. Mais personne ne paraissait venir. Il regardait sa montre par instants et se montrait de plus en plus inquiet. « Un des petits colons, pensa Victor, on a oublié de venir le chercher. »
Il s’approcha du jeune adolescent, il lui donnait bien treize ans, et lui demanda :
— Tu attends quelqu’un ?
— Non. Mais je ne sais comment faire pour rentrer à la maison. Je n’ai plus de sous pour prendre le métro et le train.
— Ah, où dois-tu aller ?
— À Franconville.[2]
— Je vois, c’est au nord de Paris, en allant vers Pontoise. Mais pourquoi n’as-tu pas de sous ? On ne t’en a donc pas laissé à la colo ?
— Si, mais j’ai perdu mon porte-monnaie.
— Bon, si tu veux bien, je vais te reconduire chez toi, j’ai ma voiture. Aller à Franconville, cela ne demandera pas beaucoup de temps, je serai de retour chez moi avant la nuit. Tu veux bien ?
— Oh, oui, et puis je n’aurai pas à porter ma valise. Elle est lourde, et j’ai toujours peur que sa poignée lâche, elle est tellement usée.
— Oui, je vois, Alors, viens !
Le garçon parut vraiment confiant, et sans hésiter suivit Victor qui prit son bagage pour lui éviter de le porter. Il n’y avait pas long chemin à faire, le parking étant dans la cour même des arrivées de la gare.
La valise mise sur la banquette arrière de la voiture, l’enfant s’assit à la place avant à côté du conducteur, et commença à raconter ses aventures avant même que Victor ne mît la clé de contact. Dans l’intuition que l’enfant avait besoin de s’exprimer et pour ne pas rompre son élan, Victor ne se pressa pas de faire démarrer le moteur et le laissa parler. Il venait de passer deux mois dans une colo à Barèges, dans les Pyrénées.[3] Il avait aimé la montagne et apprécié les activités de la colo. Il s’était fait de bons copains, mais ne les reverra pas car aucun n’était de Franconville. Victor examine le garçon tandis qu’il parle. D’abord, il reconnaît qu’il a bien profité du soleil, sa peau est fortement hâlée. Sa chemisette à manches courtes laisse découverts ses bras bronzés et déjà musclés, de même que ses jambes et ses cuisses laissées libres car il a gardé un short court pour son voyage. Son visage coloré est encore enfantin quoiqu’un soupçon de virilité commence à marquer la base de son front élargi et bombé, et un léger duvet foncé souligne la lèvre supérieure de sa bouche quelque peu sensuelle. Ses traits sont réguliers bien qu’une légère dissymétrie affecte la ligne des sourcils bruns et fait paraître un œil plus bas que l’autre. Malgré tout, cela le rend séduisant comme certains bustes grecs du musée du Louvre. Sans oublier ses cheveux châtain foncé rejetés en arrière mais assez abondants pour cacher ses oreilles dont ne paraissent que les lobes allongés.
Victor n’a pas encore démarré, mais le garçon n’a pas l’air de s’en inquiéter. Il parle et ne laisse pas le temps de lui répondre. Son discours n’est qu’un monologue de faits disparates au travers desquels, son auditeur attentif remarque qu’il est souvent fait allusion à l’un des moniteurs de la colo, un vrai chic type, un certain Antoine qui l’a enthousiasmé et qu’il regrette de ne plus revoir. Il apparaît qu’entre celui-ci et l’enfant il y eut quelque intimité, ce qu’il ne retrouvera plus et qui va lui manquer. Victor s’étonne qu’un enfant qui le connaît à peine et depuis si peu de temps soit si confiant et laisse entendre qu’il voudrait retrouver quelqu’un d’aussi compréhensif que le moniteur de la colo.
Il en a vu d’autres. Après tout, les garçons sont toujours à la recherche de quelque chose, d’une expérience déjà vécue à renouveler, ou nouvelle à découvrir. D’un geste machinal, comme pour encourager le garçon à poursuivre son récit, il lui met une main sur la cuisse, ce qui ne paraît pas troubler l’enfant. Enhardi, il caresse en signe d’amitié, remontant vers le pli de l’aine. Il s’aperçoit alors que le garçon rougit, c’est donc qu’il n’est pas indifférent. Comme celui-ci ne bronche pas, usant d’audace, Victor met la main à l’endroit crucial et à travers le short léger commence à jauger l’importance de ce qui est caché.
— Vous aussi ? dit le garçon resté sans bouger et ne faisant aucun geste pour repousser la main ni se rétracter.
— Ah, que veux-tu dire par aussi ?
— C’est comme Antoine. Alors, vous pourriez faire pareil que lui ?
À voir le regard brillant de l’adolescent, Victor comprend :
— Oui, mais pas ici. Partons, on verra ailleurs, attends un peu.
Et il fit démarrer la voiture.
Le garçon continua de parler, rapporta de façon plus précise certains souvenirs de la colo, et enfin Victor sut que son prénom était Patrick.
Tout en l’écoutant, Victor se creusait la tête, pensant : « Mieux vaut tenir que courir ! Il faudrait trouver un endroit où s’isoler. » Sur le parking de la gare c’eût été impossible. « Ah, mais oui, se dit-il, il y a sur notre route un parking presque tout le temps désert. »
Dans un quartier ouest de la capitale, avant d’atteindre la porte de Paris par où emprunter la route de Pontoise, il s’engouffra dans un parking souterrain au plus profond duquel il n’y a pratiquement jamais de voitures.
Le garçon n’eut pas l’air de s’étonner, Victor lui ayant dit qu’il allait chercher de l’essence. Cependant, il comprit très vite, et à peine la voiture stationnée dans un endroit aussi obscur que possible, il fit signe de lui baisser son short. Un scrupule sans doute, ne voulant pas prendre lui-même l’initiative malgré son ardent désir. Malgré tout, il facilita la manœuvre et, bientôt, Victor vit d’abord qu’il portait un slip de linon fin, véritable sous-vêtement féminin et non un article de bonneterie en coton pour garçons. À cette vue, il eut un sursaut de surprise qui n’échappa pas à l’adolescent qui expliqua :
— C’est Antoine qui me l’a donné pour me faire plaisir.
« Quel plaisir pour un garçon de porter un slip de ce genre, surtout si étroit et qui le serre tellement ? pensa Victor. Bah, se dit-il encore, ça n’a pas d’importance. »
Dans la pénombre, au travers de l’étoffe très légère, presque transparente, il put deviner l’importance des attributs de Patrick. Le slip léger était particulièrement tendu par un organe avide de servir et c’est non sans quelque peine que, fébrilement, il parvint à le dégager, tout impatient qu’il était de le manipuler à loisir.
L’engin était de respectable dimension. Une belle touffe de poils sur le dessus prouvait que la puberté du gamin était bien avancée. D’ailleurs ses bourses volumineuses promettaient une abondante émission de liquide crémeux.
— Tu es fameusement monté !
— Oui, c’est ce que m’a dit Antoine.
Sans plus attendre, Victor s’empara de la verge pour procurer à l’enfant le plaisir attendu.
— Attendez ! Pas comme ça, faites-moi comme Antoine.
— Et qu’est-ce qu’Antoine t’a appris ?
— Oui, faites comme lui, sucez-moi.
Le garçon ne voulait que cela qui le rendait heureux. Il insista pour être abondamment satisfait, insatiable :
— Est-ce que je pourrai vous revoir ?
— Oui, je vais réfléchir à la question. En attendant, filons chez toi.
Victor se disait qu’il perdait la tête. Conduire chez ses parents un garçon dont il vient, selon la loi, d’abuser, quelle imprudence ! Mais Patrick semble si complice qu’il peut lui faire confiance. Et puis, on le remerciera certainement d’avoir ramené l’enfant resté seul en détresse sur le quai de la gare.
Il fut bien reçu. On lui assura que cela avait été fort aimable de sa part. On l’invita au repas du soir pour faire plus ample connaissance. Le garçon avait des difficultés en classe, et un ancien professeur pourrait bien lui donner des cours. On convint qu’il irait à Paris les mercredis après-midi, ce qui sera facile puisqu’il demeure près de la gare de Franconville et qu’il pourra être attendu à la gare du Nord. Victor mit tout le monde à l’aise en proposant gratuitement ses services, ne tenant pas à ce que cela coûte à des gens si modestes au vu de leur habitation faite de bric et de broc dans un secteur pavillonnaire de la banlieue parisienne. Et puis il voulait avoir la certitude de revoir Patrick autant qu’il lui accorderait l’amitié que celui-ci attendait.
Peu après la rentrée scolaire, Victor alla chercher Patrick un mercredi comme convenu et l’amena chez lui, lui montrant la route pour qu’il puisse venir seul à l’avenir.
Le garçon avait un sac qu’il déballa en arrivant. C’étaient des vêtements de fille :
— Ce sont des fringues à ma sœur. Je voudrais les mettre pour faire comme à la colo.
— Comment ça ?
— Oui, on a souvent joué des pièces et j’ai dû une fois remplacer une fille qui était malade et il n’y en avait pas d’autres pour faire le rôle. Je m’y suis collé. Et depuis, je trouve amusant de me déguiser en fille. Vous allez voir.
De fait, il s’y prenait très bien et paraissait tout autant séduisant. Cependant, il avait l’air plus viril que féminin, ce que lui fit remarquer Vincent.
— Bien sûr, rétorqua Patrick, je suis quand même un garçon et je ne voudrais pas être une fille. C’est seulement un jeu que je trouve amusant. Mais je ne peux pas le faire devant n’importe qui. Alors, quand je viendrai vous voir, j’amènerai des fringues de ma sœur.
— Oh, tu sais, pour t’éviter cet ennui, je pourrais en acheter que tu utiliseras ici chaque mercredi.
Et Patrick voulut chaque fois recevoir sa ration de plaisir ainsi revêtu du déguisement féminin. Cela paraissait augmenter son plaisir. Il n’en était pas de même lorsqu’il restait en short ou en un quelconque vêtement masculin. C’était une habitude qu’il avait prise à la colo avec le fameux Antoine qu’il avait tant regretté d’être obligé de quitter à la fin du séjour.
Les années passant, Patrick revint moins souvent chez Victor, ses préoccupations l’ayant attiré vers d’autres plaisirs. Cependant, il devança l’appel pour faire le plus rapidement possible son service militaire, puis, son temps terminé, grâce à l’aide de Victor il s’engagea comme disc-jockey dans une boîte de Pigalle où il réussit par la suite à s’exhiber dans des shows de travestis. Vocation qui lui était venue à la colo et que Victor avait su entretenir par une amitié sans défaut durant son adolescence.
Voir aussi
Articles connexes
Notes et références
- ↑ André Gide, « Feuillets [1918] », in Journal : 1889-1939, p. 671, Paris, Gallimard (Bibliothèque de la Pléiade), 1977 (p. 1092 dans la réédition de 1996 sous le titre Journal : I, 1887-1925).
- ↑ Franconville se situe à vingt kilomètres au nord-ouest de Paris, dans le département du Val-d’Oise.
- ↑ Barèges est un petit village de montagne à 1250 mètres d’altitude, proche du col du Tourmalet et du pic du Midi de Bigorre, dans le département des Hautes-Pyrénées.