Les Huit Nuits de BoyWiki 2011 — Questions D1-D9
Les questions D1 à D9 de la quatrième des Hůit☻Nũits♫dє♥B♂yWíki ont été posées le 27 décembre 2011[1] sur le forum La Garçonnière. Un texte de présentation, reproduit ci-dessous, les accompagnait.
Les réponses proposées par BoyWiki, du 10 au 18 février 2012, figurent dans des boîtes déroulantes en bas de page.
Questions
Félicitations à tous les participants, qui déploient des trésors d’astuces pour dénicher les solutions ! Mais malgré leurs efforts, il reste encore beaucoup de points à gagner, et encore plus d’étoiles.
Aujourd’hui, une nouveauté : on trouvera en D3 une question subsidiaire fort gratifiante. Elle ne rapporte pas de points, mais d’une part toute notre estime et notre admiration (il y a une difficulté particulière, qu’on vous laisse découvrir).
Voici donc les neuf questions de la quatrième des Huit*Nuits*de*BoyWiki (aujourd’hui on voyage, et pas qu’un peu : Maroc, Angleterre, Italie, Vatican, Grèce, Allemagne, et jusqu’aux antipodes !).
Question D1 (bleue)
• Comment un jeune garçon marocain a-t-il pu prouver que la tache visqueuse sur le lit conjugal de son maître n’était pas du sperme ?
Question D2 (bleue)
• Au cours des vacances d’été qui suivirent la Première Guerre Mondiale, le responsable d’une école britannique fut séparé pendant quelques semaines du garçon qu’il aimait. Pour mieux supporter cette séparation, il lui écrivit chaque jour un sonnet, dont le recueil fut rapidement publié dans une plaquette anonyme. Comment s’appelait ce poète amoureux ?
Question D3 (bleue)
• Quand un garçon de ce peuple des antipodes atteint une dizaine d’années, il va vivre chez un jeune adulte célibataire, qui s’occupe de lui et le traite comme une épouse. De quel peuple s’agit-il ?
Question D4 (bleue)
• Un adolescent de quinze ans aurait été canonisé sous le pontificat de Pie XII, sur les instances d’un jésuite suspect d’avoir succombé plus à son charme qu’à ses vertus. Mais cette histoire n’est due, finalement, qu’à l’imagination d’un romancier que l’Église a toujours trouvé fort sulfureux... Quel est le nom de ce jeune garçon porté sur des autels imaginaires ?
Question D5 (bleue)
• Dans un texte paru il y a plus d’un demi-siècle, on voit un petit Berbère d’une douzaine d’années poser à son interlocuteur français une question pas si innocente qu’il y paraît, du ton qui convient à un petit garçon bien éduqué pour proposer à une vieille femme de lui porter son cabas... Que lui demande-t-il exactement ?
Question D6 (violette)
• L’emploi de petits garçons pour le ramonage de cheminées a aujourd’hui disparu en Angleterre et aux États-Unis, mais pour des raisons propres à chacun de ces pays. Expliquez.
Question D7 (violette)
• Torse et pieds nus, ce petit Italien, assis depuis près d’un siècle et demi, se gratte la tête en regardant son jeu d’un air perplexe. Chose étonnante : son « père », qui se passionna toute sa vie pour les garçons, n’avait que seize ans quand il l’a créé. Quel est le nom de ce pédéraste fameux ?
Question D8 (rouge)
• Un célèbre aventurier cite dans ses écrits une ville de l’empire romain qui autorisait la tenue de lupanars proposant au public aussi bien des hommes adultes que de petits prostitués, dont certains commençaient leur carrière dès l’âge de sept ans. Quelle est cette ville ? Et quel est le nom complet de cet aventurier ?
Question D9 (verte)
• Dans quelle ville était active l’Arbeitsgemeinschaft Pädophilie/Päderastie Rhein-Ruhr (APPRR), et quel était le titre de leur feuille d’information ?
Bonne chance et bien du plaisir à tous !
Le Conseil du BoyWiki francophone
Question subsidiaire D3
Par une malencontreuse erreur de dernière minute, la question subsidiaire annoncée dans le texte de présentation a sauté au moment de la publication. La voici telle qu’elle aurait dû être affichée sous la question D3 :
• • • Question subsidiaire : Trouvez sur l’internet une photographie représentant un jeune garçon appartenant à ce peuple, susceptible d’illustrer agréablement l’article de BoyWiki qui s’y rapporte.
Réponses
• Comment un jeune garçon marocain a-t-il pu prouver que la tache visqueuse sur le lit conjugal de son maître n’était pas du sperme ?
Réponse :
Dans les Histoires arabes de Khati Cheghlou, le récit Le blanc d’œuf raconte comment un jeune serviteur fait frire dans une poêle un liquide suspecté d’être du sperme, mais qui coagule sous l’effet de la chaleur — ce qui prouve qu’il s’agit de blanc d’œuf et non de sperme.
Les gamins ont vraiment de ces idées ! (Et en plus, il y fait goûter tout le monde — certains ont peut-être regretté que ce soit de l’œuf…)
La page de BoyWiki sur le recueil Histoires arabes, paru en 1927, permet de situer les lieux, les circonstances et l’ambiance qui caractérisaient la récitation de ces historiettes marocaines. La page d’extraits reproduit de nombreux récits amusants sur des thèmes garçonniers, avec un copieux appareil de notes explicatives.
Voici l’histoire dont la « morale » est peut-être la plus intéressante pour nous :
Un Sultan vit un jour son fils et celui du vizir en train de « planter mutuellement le navet ».
Indigné, il donna au vizir l’ordre de les tuer tous les deux.
Le vizir eut pitié, les cacha et dit à son maître qu’il les avait fait mettre à mort.
À quelque temps de là, le vizir apporta au Sultan une poignée de grains de blé en or et une de grains d’orge en argent. Mais, disait-il, pour qu’ils donnassent des fruits, il fallait les faire planter par quelqu’un qui n’eût jamais été passif une seule fois dans sa vie.
On chercha en vain dans tout le royaume. Alors, le vizir dit au Sultan :
— Il ne reste que toi.
— Hélas ! lui répondit le Sultan. Une fois, dans ma jeunesse, je suis entré dans les écuries de mon père, et un vieux nègre a abusé de moi.
— Pourquoi donc as-tu fait mettre à mort nos deux enfants ?
— Je le regrette fort maintenant.
— Eh bien ! ils sont vivants. Je les ai épargnés.
— Tu as bien fait. J’en suis fort heureux. Car, en vérité, il n’y a aucun arbre qui n’ait été ployé par le vent…
Plus généralement, les lecteurs intéressés par le monde arabo-musulman pourront se reporter à la page Civilisation arabo-musulmane, qui sert de répertoire et de porte d’entrée vers plusieurs dizaines d’autres articles, dont un petit nombre existent déjà, alors que la plupart restent à créer. On voit bien là l’immense travail qui reste à accomplir sur BoyWiki !
(Le premier qui dit que toutes les civilisations ne se valent pas gagne une carte de l’UMP1;-)
1 Union pour le Maghreb Pédérastique.
Demain, on passe des contrées méridionales à la fraîcheur nordique :
Question D2 (bleue), publiée le 27 décembre :
• Au cours des vacances d’été qui suivirent la Première Guerre Mondiale, le responsable d’une école britannique fut séparé pendant quelques semaines du garçon qu’il aimait. Pour mieux supporter cette séparation, il lui écrivit chaque jour un sonnet, dont le recueil fut rapidement publié dans une plaquette anonyme. Comment s’appelait ce poète amoureux ?
Pour ceux que les statistiques passionnent : les réponses au jeu ont créé depuis le 24 janvier 18 têtes de files sur 63, soit 29 %. Ces mêmes files contiennent, sauf erreur, 142 messages sur un total de 500, soit 28 % des messages de LG.
On peut en conclure que le jeu occupe une place certes visible, mais loin d’être dominante : les posteurs continuent, heureusement, à parler de bien d’autres choses. On peut d’ailleurs rappeler à ce propos que le nombre de files créées par jour n’est absolument pas limité : par conséquent, personne ici ne peut prendre la place de qui que ce soit, ni gêner qui que ce soit. En outre — il faut le préciser, au cas où certains ne l’aient pas remarqué — nul n’est obligé de lire un message qui ne l’intéresse pas.
Dernière remarque statistique : les files comportent en moyenne 8 messages. Cette moyenne est identique pour les files sur les réponses du jeu et celles sur les autres sujets. Il semble donc que les files sur le jeu suscitent exactement le même intérêt que les autres — ni plus, ni moins.
Malgré le gros travail que ça représente, nous nous sentons donc tenus, afin de satisfaire la demande générale, de continuer à distiller ces passionnantes réponses !
(Le premier qui propose un référendum sur le jeu gagne un poster du petit Nicolas.)
• Au cours des vacances d’été qui suivirent la Première Guerre Mondiale, le responsable d’une école britannique fut séparé pendant quelques semaines du garçon qu’il aimait. Pour mieux supporter cette séparation, il lui écrivit chaque jour un sonnet, dont le recueil fut rapidement publié dans une plaquette anonyme. Comment s’appelait ce poète amoureux ?
Réponse :
Pendant les grandes vacances de 1919, Arnold W. Smith, directeur du collège de Battersea, composa chaque jour l’un des vingt sonnets du recueil A boy’s absence. Cet opuscule fut publié à l’automne, avec pour seule mention d’auteur : « by a schoolmaster ».
Les poèmes de A boy’s absence s’adressent à un élève du collège, le jeune J., avec qui Arnold W. Smith entretient manifestement une amitié très particulière, et dont il regrette d’être séparé pour trois semaines.
Le cadre de ces méditations amoureuses est posé dans le premier sonnet du texte intégral publié sur BoyWiki :
Upon the margin of the sand the sea
Is murmuring soft and low, the eve is still,
The crescent moon shines wanly o’er the hill,
With one bright star to keep her company;
The beach is solitary, save for me,
From the South-East the breeze is faint but chill,
A sea-gull’s cry comes, querulous and shrill,
And, as I pace the shore, I think of thee.
All I could say thou knowest; how I long
To clasp thy hand, to feel thy cheek on mine,
To see thee smile, to watch thee at thy play;
So, in thy absence, will I make a song:
A friendship’s garland let the hours entwine
That miss thee, since we parted yesterday.
Chacun de ces poèmes porte une pensée, parfois une inquiétude, toujours un élan d’amour, exprimés dans une langue d’un classicisme parfait (évidemment, on est loin du langage technique états-unien et du franglais modernes !). En traduire le sens littéral serait assez facile ; mais rendre cette atmosphère délicatement nostalgique, sans trop s’éloigner de l’original, est un vrai défi. Si quelqu’un veut s’y essayer…
En 1926, un an avant sa mort, Arnold W. Smith publia un nouveau recueil de poèmes pédérastiques, intitulé The isle of Mistorak and Other poems. Au même titre qu’une quarantaine d’écrivains britanniques actifs entre 1858 et 1930, il est considéré aujourd’hui comme faisant partie du courant des poètes uraniens, parmi lesquels figurent en particulier John Addington Symonds, Frederick Rolfe (alias “Baron Corvo”), Alfred Douglas (dit “Bosie”, le jeune amant d’Oscar Wilde), ainsi que le père John Francis Bloxam, auteur du récit The priest and the acolyte (traduit dans BoyWiki sous le titre Le prêtre et l’enfant de chœur).
• Quand un garçon de ce peuple des antipodes atteint une dizaine d’années, il va vivre chez un jeune adulte célibataire, qui s’occupe de lui et le traite comme une épouse. De quel peuple s’agit-il ?
Réponse :
Les jeunes garçons du peuple Aranda (ou Arunta, ou Arrernte), dans la région d’Alice Springs, passaient traditionnellement par une initiation comportant des relations pédérastiques avec un jeune homme. On peut craindre que cette saine tradition se soit perdue aujourd’hui.
La page Arandas de BoyWiki est assez succincte :
Les Arandas, aborigènes du centre de l’Australie, forment une société au sein de laquelle la pédérastie est une coutume officiellement reconnue.
En général, un jeune adulte, entre l’initiation et le mariage, prend en charge un garçon âgé de dix à douze ans. Ce dernier vit avec l’adulte pendant plusieurs années, comme s’il était sa femme, jusqu’à ce que l’homme se marie.
Un bon wiki encyclopédique, contrairement à un simple jeu, se doit de donner ses sources. La même page nous apprend donc que cette information est tirée du traité sur la sexualité rédigé par Clellan S. Ford et Frank A. Beach, Patterns of sexual behaviour, publié à New York par Harper & Row en 1951. Accessoirement, notons que cette référence est citée par Edward Brongersma dans le premier tome de son imposant Loving boys (p. 69) et par Tom O’Carroll dans Pedophilia : the radical case (p. 41). Mais peut-on remonter plus loin ?
Il se trouve qu’une traduction française de l’ouvrage de Ford et Beach a été publiée en 1975 par le Cercle Européen du Livre, sous le titre L’aventure sexuelle (collection Connaissance de la sexualité). Pas besoin de chercher longtemps pour y lire en effet ce passage (p. 203) :
Chez de nombreux aborigènes d’Australie, ce type de coït [anal] est une coutume acceptée entre les célibataires et les garçons non initiés. Strehlow écrit sur les Arandas :
« … La pédérastie est une coutume reconnue… Il est courant qu’un homme tout à fait initié, mais célibataire, prenne un garçon de dix ou douze ans comme épouse pendant plusieurs années, jusqu’à ce que le plus âgé se marie. Le garçon n’est ni circoncis, ni subincis, bien qu’on ne le considère plus comme garçon, mais comme jeune homme. Il doit appartenir à la classe dans laquelle l’homme pourra prendre une épouse. » (Strehlow, 1915, p. 93)
Ah ! L’enquête se précise… Quelques recherches sur Google nous montrent qu’il s’agit là d’une citation du pasteur Carl Strehlow, tirée de son monumental ouvrage en sept volumes sur la culture des Arandas et des Loritjas, paru de 1907 à 1920 : Die Aranda- und Loritja-Stämme in Zentral-Australien.
Hier soir nous en étions là — et l’on s’apprêtait à lancer un avis aux germanistes de LG pour dénicher le texte original du passage ci-dessus. Or voici que grâce à la collaboration interne de BoyWiki, nous est arrivé ce matin un extrait encore plus fourni, tiré d’un exemplaire numérisé par l’université d’Adelaide — deuxième partie du tome IV, chapitre « Polygamie, Polyandrie, sittliche Verfehlungen », p. 98 (et non p. 93) :
Polyandrie ist unter den Aranda niemals vorgekommen. Ohne Zweifel ist die Päderastie, kwalanga oder kwalangilama, den Aranda bekannt gewesen, dafür zeugt schon der Umstand, daß sich in ihrer Sprache ein Name dafür findet ; ausgedehntere Verbreitung hat jedoch das Laster unter den westlichen Loritja und den nördlich von den Mac Donnell Ranges wohnenden Katitja, Ilpara, Warramunga etc. gefunden. Bein allen diesen Stämmen wird dem unverheirateten Manne, an dem alle Einweihungs-Zeremonien vollzogen sind, ein Knabe von 12 bis 14 Jahren zugeteilt, mit dem er oft mehreren Jahre lang, bis zu seiner Verheiratung zusammenlebt. Der Knabe, der als Weib gebraucht wird, ist weder beschnitten, noch subinzidiert, er würde sonst nicht mehr als Junge, sondern als junger Mann angesehen. Er muß derselben Klasse angehören, aus welcher der Mann sein noa zu nehmen hätte, der Verkehr mit einem Jungen aus falscher Klasse würde bestraft werden.
In dem Umstande, daß diese häßliche Sitte sich gerade unter den mit der ausgebildetsten Heiratsordnung versehen Stämmen findet, liegt vielleicht die Erklärung derselben. Bei dem 8 Klassen-System sind selbstverständlich die einzelnen Klassen der Mitgliederzahl nach viel kleiner, als bei dem 4 Klassen-System, es ist also leicht möglich, daß für einen jungen Mann keine Frau aus seiner richtigen Klasse vorhanden ist, besonders, wenn sich die alten Männer halbdutzendweise versehen. Unter den südlichen Aranda mit ihrem 4 Klassen-System, und bei den südlichen, klassenlosen Loritja kommen nur vereinzelne Fälle von Päderastie vor.
Si quelqu’un pouvait en fournir une traduction aussi exacte que possible — et vérifier s’il existe d’autres passages intéressants, en particulier sur la vie sociale des enfants et sur les pratiques initiatiques —, l’article Arandas s’appuierait enfin sur sa source première. (À priori, il y a déjà une chose bizarre : le texte allemand parle d’un Knabe von 12 bis 14 Jahren, alors que les versions anglaise et française évoquent une tranche d’âge de 10 à 12 ans).
Voilà de bien longs développements, à propos d’un article qui ne faisait jusqu’à maintenant que quelques lignes ! Mais il a paru intéressant de montrer ainsi, sur le vif, comment s’enrichit, s’accumule et se précise petit à petit, grâce à de multiples contributions, la mémoire garçonnière collective que constitue BoyWiki.
Bon, c’est bien beau tout ça, mais… à quoi ressemblaient-ils, ces petits Arandas ?! Est-ce qu’ils étaient mignons ? Est-ce que ça valait la peine de se mettre en concubinage avec eux ? Inutile de les chercher dans la Wikipédia française sur la page Arrernte, qui parle de leur peuple (malgré cette orthographe, ça se prononce à peu près « euranda »). On ne sera pas étonné de constater que la version anglaise ne les montre pas non plus. En revanche, si vous allez dans les versions espagnole ou néerlandaise, un jeune guerrier à l’air farouche vous accueillera — parions que vous aurez envie de cliquer sur sa photo…
• Un adolescent de quinze ans aurait été canonisé sous le pontificat de Pie XII, sur les instances d’un jésuite suspect d’avoir succombé plus à son charme qu’à ses vertus. Mais cette histoire n’est due, finalement, qu’à l’imagination d’un romancier que l’Église a toujours trouvé fort sulfureux... Quel est le nom de ce jeune garçon porté sur des autels imaginaires ?
Réponse :
Dans le roman de Roger Peyrefitte Les clés de saint Pierre, le père de Trennes parvient, en juin 1954, à faire canoniser (déclarer saint) le jeune Amable Hyacinthe, élève des barnabites, mort à quinze ans, « le premier saint en culotte courte ». Dans la réalité, bien sûr, ce saint n’existe pas plus que le père de Trennes.
C’est sur l’abondante page de BoyWiki où sont recensés les jeunes saints chrétiens, et ceux liés aux garçons, que se trouvait la solution de l’énigme. Plusieurs posteurs ont pensé au disciple de saint Jean Bosco, Dominique Savio, qui mourut au même âge qu’Amable Hyacinthe et fut également canonisé en 1954. Mais c’est un saint bien réel, alors qu’il fallait chercher celui-ci dans la rubrique Jeunes saints imaginaires. De plus, saint Jean Bosco est le fondateur de l’ordre enseignant des Salésiens, alors que le père de Trennes est bien un jésuite.
Roger Peyrefitte a publié son dixième ouvrage, Les clés de saint Pierre, en 1955. Bien que le thème principal en soit l’étude satirique du petit monde ecclésiastique du Vatican avant le concile, vu à travers les yeux d’un séminariste français, l’abbé Mas, les allusions aux garçons et à la pédérastie ne manquent pas.
On y retrouve le père de Trennes, le prêtre pédéraste des Amitiés particulières, qui avait déjà reparu dans Les ambassades et dans La fin des ambassades (il montrera à nouveau le bout de son nez dans Les Fils de la Lumière, puis dans Les juifs). Il prétend s’être assagi — « un vieux diable devenu ermite » —, et ne plus poursuivre maintenant que deux objectifs : la restauration du culte du saint prépuce (!) et la canonisation du bel adolescent Amable Hyacinthe, élève des pères barnabites. Après avoir évoqué pour l’abbé Mas ses anciens tourments, provoqués par la découverte de la sexualité débridée des garçons, il lui confie les secrets de cette dernière intrigue :
« […] Amable Hyacinthe semblait fait pour moi. Il réunissait une épithète charmante et un nom qui rappelait ce que la Grèce a produit de plus charmant. Nouvel Apollon, j’allais immortaliser un nouvel Hyacinthe.
[…]
« Je racontai la même fable au postulateur des barnabites. Il me fournit tous les renseignements sur le jeune vénérable, natif de Bologne. Je demandai à voir son portrait. Il était d’un milieu modeste, où l’on ne se faisait pas portraiturer, et mourut au milieu du XIXe siècle, quand la photographie était un luxe. En revanche, je me pénétrai de ses vertus. Il aimait servir la messe, au point qu’il attendait avant l’aube à la porte de l’église. […] Il empêchait ses camarades d’aller se baigner à la rivière ; il déchira des images obscènes qu’un grand avait apportées ; il mit en fuite un vilain monsieur appelé par euphémisme « un émissaire des protestants » — les protestants ont bon dos.
« Au moins m’inspira-t-il une certaine sympathie pour n’avoir jamais pratiqué la délation. C’est ce qui m’interdit d’aimer parfaitement saint Bernardin de Sienne qui, alors qu’il avait treize ans, poursuivi de propositions déshonnêtes par un gentilhomme de la ville, ne se contenta pas de lui donner un soufflet, mais, celui-ci ayant récidivé, fit semblant d’accepter un rendez-vous et aposta des garnements pour le lapider. Je n’admets pas de telles manières, même chez les saints. Amable Hyacinthe fut moins perfide avec l’émissaire des protestants. Après sa mort, il apparut au supérieur des barnabites pour lui montrer la liste des élèves impurs, liste qui dégageait une odeur effroyable, mais je note à sa décharge qu’il refusa de la lui remettre.
[…]
« […] il me devait même son image. J’avais trouvé chez un antiquaire le portrait d’un charmant enfant de son époque. Par un faussaire habile, j’y fis inscrire son nom et son prénom. Le tout passa pour une trouvaille miraculeuse. »
Par une dernière malice, Peyrefitte montre le père de Trennes recourant à de riches pédérastes pour financer les frais importants de la canonisation du garçon :
« […] Ma vie de désordres m’avait mis en relation avec de riches débauchés que, naturellement, je ne voyais plus. J’allai les voir ou leur écrivis. Je savais ce qu’il fallait leur dire ou leur écrire : je n’avais qu’à écouter mon propre cœur. Il m’a fallu quatre ans pour drainer ainsi vers les barnabites un nouveau Pactole. Ne me reprochez pas d’avoir fourni à une cause édifiante une base équivoque : l’argent n’a pas d’odeur et, s’il en avait une, il la perdrait dans celle de l’encens. J’estime même que cette victoire acquise aux dépens de l’impureté, est une auréole de plus pour le nouveau saint de la pureté. Grâce à moi, le petit Amable Hyacinthe vivra plus longtemps qu’aucun des hommes qui croient remplir aujourd’hui la terre de leur nom. »
Inutile de préciser que, derrière ces paroles onctueuses, apparemment conformes à la doctrine officielle de l’Église sur la sexualité, Peyrefitte se délecte à mettre en scène un prêtre aux attirances si clairement garçonnières. Les autorités vaticanes et les catholiques bien-pensants ne s’y trompèrent pas, qui poursuivirent toujours l’écrivain d’une sourde hostilité (voir par exemple les attaques de François Mauriac contre le film des Amitiés particulières, ou celles d’Henri Agel dans la revue jésuite Études).
• Dans un texte paru il y a plus d’un demi-siècle, on voit un petit Berbère d’une douzaine d’années poser à son interlocuteur français une question pas si innocente qu’il y paraît, du ton qui convient à un petit garçon bien éduqué pour proposer à une vieille femme de lui porter son cabas... Que lui demande-t-il exactement ?
Réponse :
« Vous voulez faire quelque chose, monsieur ? »
Cette réponse est la conclusion d’un épisode que raconte André Lavaucourt, dans la première partie d’un article intitulé « Aspects d’Afrique du Nord » et publié en 1955 par la revue homophile Arcadie :
Abdallah vient me voir. C’est, paraît-il, « pour une affaire ». Allons-y donc.
Abdallah doit avoir dans les douze ans. Il parle très bien le français. Il l’écrit même. Moins brillamment, je dois le dire. Il a été élevé par des religieuses. Maintenant, on lui apprend aussi je ne sais quel travail manuel. Il paraît sérieux, réservé, honnête ; c’est un gentil petit garçon.
Nos bonnes relations datent d’hier matin. Nous nous étions un peu perdus dans les ruelles de la médina et le gamin, quand il a vu l’embarras des deux Français, s’est proposé pour leur servir de guide. Je lui ai donné mon adresse et je vois qu’il s’en est souvenu.
Sa visite est gentille mais nullement désintéressée. Tout de suite il commence à m’entretenir de ses difficultés financières. Il m’apprend qu’il m’a réservé un rôle de commanditaire dans un grand projet qu’il médite et qui consiste, je crois, à louer une bicyclette pour la journée du lendemain. Ça coûtera cent francs. Après tout, il ne s’agit peut-être que d’aller au bordel.
J’ai donné les cent francs et il me remercie avec dignité, sans exagération ni platitude. Il y a, du reste, quelque mérite : Abdallah parle une langue où le mot merci n’existe pas.
L’enfant fait partie d’une tribu de la montagne ; il appartient donc à cette race qui, à l’origine, peuplait l’Afrique du Nord et que les conquérants arabes ont repoussée dans les endroits inaccessibles. Ces gens-là, les Berbères, qui sont de beaucoup les plus nombreux, n’ont jamais pardonné aux Arabes. Ils les haïssent. Il va s’en aller, la pièce de cent francs dans sa poche, mais au moment de passer la porte il se ravise. Alors il prend à deux mains la boucle de sa ceinture et, du ton que doit employer un petit garçon bien élevé pour offrir à une vieille dame de lui porter son sac :
— Vous voulez faire quelque chose, monsieur ?
Trois éclaircissements pour mieux comprendre ce récit :
• L’histoire se passe dans le Maroc colonial, vraisemblablement à Agadir ou aux environs, comme le laisse entendre la suite du texte et en particulier la seconde partie. Mais l’ensemble de l’article porte plus sur les mœurs des Berbères, à travers toute l’Afrique du Nord, que sur le Maroc proprement dit.
• 100 francs de cette époque valaient à peu près 25 dirhams marocains d’aujourd’hui (un peu plus de 2 euros). C’est suffisant pour préparer en famille le repas de quatre ou cinq personnes, à condition de manger simplement. Cette somme, sans être importante, n’est donc pas insignifiante, surtout pour un garçon de douze ans.
• « Faire quelque chose » est un euphémisme courant en arabe pour « faire l’amour ».
• L’emploi de petits garçons pour le ramonage de cheminées a aujourd’hui disparu en Angleterre et aux États-Unis, mais pour des raisons propres à chacun de ces pays. Expliquez.
Réponse :
Au Royaume-Uni, c’est l’action de philanthropes entre 1775 et 1875, entraînant de nouvelles lois sur le travail des enfants, qui fit disparaître peu à peu les petits ramoneurs. Aux États-Unis, où ce travail était réservé aux enfants noirs (esclaves ou libres), la situation n’a changé que beaucoup plus tard, grâce au progrès technique du chauffage central.
Au Royaume-Uni, les premiers à s’émouvoir des conditions de travail des petits ramoneurs furent des philanthropes, puis des sociétés philanthropiques, qui proposèrent diverses alternatives — notamment par des avancées techniques — et firent pression sur les parlementaires. Une succession de lois, d’abord peu suivies d’effet, furent votées entre 1788 et 1875 ; elles finirent par triompher de l’intérêt des maîtres ramoneurs, pour qui « l’acquisition ou le remplacement occasionnel d’un petit garçon blessé ou tué revenait moins cher que ces machines ».
Il y eut au XIXe siècle une forte émigration de petits Savoyards vers les États-Unis. Une de ces vagues d’émigration fut provoquée par les autorités politiques parisiennes : en préparation de l’Exposition universelle de 1867, elles expulsèrent 1500 d’entre eux. Les jeunes Savoyards de New York suscitèrent la compassion de leurs contemporains, mais ils n’exercèrent pas le métier de ramoneur, qui était le monopole de petits Afro-américains, esclaves ou libres.
Ces enfants noirs ne pouvaient pas s’organiser, et, en raison du silence des philanthropes et du législateur (en partie dû au racisme), leur sort n’a changé que très tard : il a fallu attendre un progrès technique, le chauffage central, pour que leur métier devienne inutile.
L’article de BoyWiki sur les ramoneurs savoyards est devenu avec le temps une véritable « usine à gaz » ! Recopié à partir d’un projet d’article destiné à une revue, puis modifié à de nombreuses reprises, puis complété dans une tout autre optique par un autre contributeur, il est un bon exemple de la façon dont une page de wiki peut devenir trop longue, trop touffue, voire difficilement gérable si on n’y prend garde.
Il faut alors la scinder en plusieurs sujets connexes, en gardant généralement une arborescence qui permet de circuler d’une page à l’autre. C’est ainsi que, dans ce cas précis, des pages sur René-François du Breil de Pontbriand (un prêtre bienfaiteur des petits « savoyards », peut-être pédéraste), Pierre-François Guyot Desfontaines (un autre prêtre, qui lui l’était assurément) et Étienne-Benjamin Deschauffours (un proxénète de garçons exécuté pour de nombreux crimes) ont déjà été créées à partir de certaines sections de l’article principal. Il faudra continuer dans cette voie, en séparant par exemple les différents pays.
On touche là du doigt le fait qu’un wiki nécessite un travail d’équipe permanent, pour l’enrichissement, la correction et la réorganisation des articles. Mais cette incessante remise en cause représente un gros avantage par rapport à une encyclopédie imprimée, à un traité ou à une revue, qui deviennent nécessairement obsolètes — alors qu’un wiki, dans l’idéal, est toujours à la pointe de l’actualité.
Reproduisons ici, pour l’étonnement et l’amusement du lecteur, deux extraits d’ouvrages qui illustrent l’article sur les petits ramoneurs :
Il existait un trafic de garçons, qui expédiait de jeunes Français en Afrique, en Asie et en Amérique latine. Des petits Français étaient proposés à la vente, en privé, sur les marchés d’esclaves du Maroc, et dans le harem du Sultan de Turquie. Au XIXe siècle, aucun bordel de garçons n’aurait été considéré comme complet s’il n’hébergeait pas quelques beaux petits Français – et ces garçons n’avaient souvent pas plus de… six ans !
(Dennis Drew, Jonathan Drake, Boys for sale : a sociological study of boy prostitution, New York, Brown Book Company, 1969, p. 34 (trad. BoyWiki).)
Dans « La vie amoureuse de Jean Valjean » (in Contes cuistres, Lausanne, L’Âge d’Homme, 1987, p. 127-143), Pierre Gripari évoque sur le mode humoristique une homosexualité supposée de Jean Valjean :
« Une dernière fois, sur la grand’route, l’homme se conduit comme un salaud, et vole un petit garçon (après l’avoir ou non violé, nous ne le saurons jamais). »
Pince-sans-rire, Gripari conteste avec le plus grand sérieux le « témoignage » du dessinateur Gotlib, selon lequel Jean Valjean, après avoir aidé Cosette à porter un seau d’eau trop lourd pour elle, se serait « fait payer par elle en nature, en l’induisant à pratiquer sur lui une certaine opération, difficile à désigner dans des termes honnêtes, mais pour laquelle nous disposons du mot latin fellatio. […] À l’extrême rigueur nous admettrions que Jean Valjean ait pu se faire faire l’opération susdite par Petit-Gervais, pour le voler ensuite. »
Gripari opine cependant qu’en règle générale « Jean Valjean aime les hommes, les jeunes hommes, mais il dédaigne les petits garçons. »
• Torse et pieds nus, ce petit Italien, assis depuis près d’un siècle et demi, se gratte la tête en regardant son jeu d’un air perplexe. Chose étonnante : son « père », qui se passionna toute sa vie pour les garçons, n’avait que seize ans quand il l’a créé. Quel est le nom de ce pédéraste fameux ?
Réponse :
Il s’agit du sculpteur italien Vincenzo Gemito (1852-1929), dont l’une des premières œuvres connues, réalisée en 1868, est le petit Joueur de cartes conservé au Museo nazionale di Capodimonte de Naples.
Il giocatore di carte est un plâtre patiné d’une soixantaine de centimètres de hauteur, qui représente un jeune Napolitain assis, torse nu, en train de jouer aux cartes. Sa facture annonce déjà le style réaliste qui caractérisera le maître de la sculpture garçonnière italienne du XIXe siècle. Comme avant lui Le Caravage, Vincenzo Gemito traite d’entrée ce qui sera toujours l’objet principal de son art : les garçons — généralement d’extraction populaire —, leurs corps et leurs visages.
La statue réalisée par le jeune Gemito, alors qu’il était lui-même encore adolescent, ne représente pas un garçon idéalisé ou mythique, mais un vrai gamin des rues, un petit scugnizzo napolitain. On notera par exemple ses mains et ses pieds, plus grands que dans le canon académique : c’est la marque évidente du début de la puberté…
Bien que cette œuvre soit souvent donnée comme datant de 1868, une notice du Musée de Capodimonte la situe « vers 1863 ». Vincenzo Gemito aurait eu alors onze ans ! Cette date peut surprendre, mais elle n’est pas invraisemblable : à cette époque l’enfant avait déjà travaillé avec deux maîtres, Emanuele Caggiano et Stanislao Lista, qui constatèrent sa dextérité et son inventivité précoces. Il entrera l’année suivante, à l’âge de douze ans, au Real Istituto di Belle Arti pour y continuer sa formation.
C’est là qu’il se lia avec le peintre Antonio Mancini, qui était son exact contemporain et dont il resta l’ami toute sa vie. Par la suite, tous deux partagèrent parfois le même atelier et… fréquentèrent les mêmes garçons, Mancini étant également pédéraste, comme en témoigne l’ensemble de son œuvre.
Le talent de Gemito mit au goût du jour les représentations de gamins italiens dénudés : petits pêcheurs, porteurs d’eau, etc. Cette mode fit la prospérité d’une partie de la génération suivante d’artistes napolitains et apparentés, parmi lesquels Giovanni De Martino, Giovanni Parente, Giuseppe Renda, Achille d’Orsi, Giovanni Varlese et plusieurs autres, tous auteurs de petits bronzes dans le même goût. Quant à Gemito, il resta actif jusqu’à la fin de sa vie, puisqu’à plus de soixante-dix ans il faisait encore poser nus des garçons d’une douzaine d’années.
L’énigme n’était certes pas facile à résoudre ! L’énoncé de la question laissait quand même entendre qu’il s’agissait d’une œuvre d’art, montrant un garçon en train de jouer. Le mieux était alors d’explorer l’index des pages de BoyWiki, à la recherche des quelques galeries thématiques qui y figurent déjà (on en espère des dizaines d’autres !). Deux titres pouvaient intriguer particulièrement le chercheur :
• Garçons jouant aux cartes (galerie de peintures), avec un tableau de Claude Joseph Bail ;
• Garçons jouant aux cartes (galerie de sculptures), où se trouvait la solution.
Pas simple ? Ben oui, dans un jeu, il en faut pour tous les goûts, et de tous les niveaux de difficulté. Comme quoi, le fait de chercher dans BoyWiki ne permettait pas de trouver automatiquement et sans effort les bonnes réponses.
Vincenzo Gemito vieillissant est mis en scène dans L’exilé de Capri : Jacques d’Adelswärd-Fersen rendit souvent visite à celui que Peyrefitte qualifie de « Rodin de l’Italie », à « cet homme génial » qui « avait ressuscité Praxitèle ». On peut en lire une évocation dans le chapitre VIII de la troisième partie du roman (p. 291-294 de l’édition Flammarion, p. 277-279 du Livre de Poche).
• Un célèbre aventurier cite dans ses écrits une ville de l’empire romain qui autorisait la tenue de lupanars proposant au public aussi bien des hommes adultes que de petits prostitués, dont certains commençaient leur carrière dès l’âge de sept ans. Quelle est cette ville ? Et quel est le nom complet de cet aventurier ?
Réponse :
Il s’agit de la ville d’Ouranopolis, citée par Sir Richard Francis Burton dans le célèbre « Essai terminal » de sa traduction des Mille et une Nuits.
La ville antique d’Ouranopolis ou Ouranoupolis (Uranopolis en anglais) se trouvait en Macédoine, probablement à l’endroit de l’actuelle cité balnéaire d’Ouranopoli, dans le nord de la Grèce (en Chalcidique). Elle est située à proximité du Mont Athos, où nous avons vu que François Augiéras connut quelques épisodes homosexuels et pédérastiques (voir la réponse du 9 février à la question C8).
C’est à la fin de sa monumentale traduction des Mille et une nuits que Sir Richard Francis Burton inséra un copieux Terminal essay dont le chapitre IV, « Social condition », contient la longue et fameuse section D, intitulée « Pederasty ». Il y traite de ce sujet non seulement dans la civilisation arabo-musulmane, mais encore dans l’ensemble du monde et à travers les âges. Le texte intégral en est conservé sur BoyWiki.
La thèse principale de cet essai est l’existence supposée d’une sotadic zone qui ferait le tour de la Terre, englobant les régions où la pédérastie est plus ou moins acceptée, voire reconnue.
Selon Burton, cette « zone sotadique » comporte les rivages nord et sud de la Méditerranée (France méridionale, péninsule Ibérique, Italie, Grèce, Afrique du Nord du Maroc à l’Égypte) ; l’Asie Mineure, la Mésopotamie, la Perse, l’Afghanistan, le Sind (Sud du Pakistan), le Pendjab et le Cachemire ; l’Indochine, le Turkestan, la Chine et le Japon ; toutes les îles du Pacifique sud (Indonésie, Océanie), et enfin les deux Amériques. Il soutient brillamment son hypothèse en citant des textes de toutes les époques, montrant qu’à l’intérieur de cette « ceinture pédérastique » l’amour des garçons a généralement été considéré comme une pratique honorable, ou au pire comme une simple peccadille.
À titre d’exemple de la prose très érudite et très cosmopolite de Burton, voici le paragraphe où il traite d’Ouranopolis (page Pederasty (Richard F. Burton) — 2) :
Uranopolis allowed public lupanaria where adults and meritorii pueri, who began their career as early as seven years, stood for hire: the inmates of these cauponæ wore sleeved tunics and dalmatics like women. As in modern Egypt, pathic boys, we learn from Catullus, haunted the public baths. Debauchees had signals like freemasons whereby they recognized one another. The Greek Skematízein was made by closing the hand to represent the scrotum and raising the middle finger as if to feel whether a hen had eggs, tâter si les poulettes ont l’œuf: hence the Athenians called it Catapygon or sodomite and the Romans, digitus impudicus or infamis, the “medical finger” of Rabelais and the Chiromantists. Another sign was to scratch the head with the minimus—digitulo caput scabere (Juv. ix. 133). The prostitution of boys was first forbidden by Domitian; but Saint Paul, a Greek, had formally expressed his abomination of Le Vice (Rom. i. 26; i. Cor. vi. 8); and we may agree with Grotius (de Verit. li. c. 13) that early Christianity did much to suppress it. At last the Emperor Theodosius punished it with fire as a profanation, because sacro-sanctum esse debetur hospitium virilis animæ.
Ce qui peut se traduire en français de la manière suivante (les mots étrangers dans l’original sont mis ici en italique, et traduits entre crochets) :
À Ouranopolis on autorisait les lupanaria (lupanars) publics où des adultes et des meritorii pueri (enfants de rapport), qui entamaient leur carrière dès l’âge de sept ans, étaient mis en location : les occupants de ces cauponæ (auberges) portaient des dalmatiques et des tuniques à manches comme les femmes. Comme en Égypte moderne, des garçons passifs, nous dit Catulle, hantaient les bains publics. Les débauchés avaient des signes, comme les francs-maçons, par lesquels ils se reconnaissaient l’un l’autre. Le grec Skematízein (faire un geste) se faisait en fermant la main pour figurer le scrotum et en dressant le doigt du milieu comme pour toucher si une poule a des œufs, tâter si les poulettes ont l’œuf : c’est pourquoi les Athéniens l’appelaient Catapygon (impudique) ou sodomite et les Romains, digitus impudicus ou infamis (doigt impudique ou infâme), le “doigt médical” de Rabelais et des chiromanciens. Un autre signe était de se gratter la tête avec le petit doigt — digitulo caput scabere (Juv. IX, 133). La prostitution des garçons fut interdite pour la première fois par Domitien ; mais saint Paul, qui était grec, avait déjà exprimé son abomination pour Le Vice (Rom. I, 26 ; I Cor. VI, 8) ; et nous pouvons tomber d’accord avec Grotius (de Verit. LI, c. 13) que les premiers chrétiens firent beaucoup pour le supprimer. Finalement l’empereur Théodose lui infligea la peine du feu, en tant que profanation, parce que sacro-sanctum esse debetur hospitium virilis animæ (il faut que la résidence de l’âme des hommes soit sacro-sainte).
• Dans quelle ville était active l’Arbeitsgemeinschaft Pädophilie/Päderastie Rhein-Ruhr (APPRR), et quel était le titre de leur feuille d’information ?
Réponse :
Entre 1997 et 2003, l’APPRR se réunissait à Essen, dans la Ruhr. Son bulletin était intitulé Der Topflappen, du nom d’un ustensile de cuisine en tissu qui sert à manipuler ce qui est très chaud — en français, une manique (ou, plus simplement, une poignée).
Toutes les informations sur ce groupe local sont disponibles sur la page APPRR du BoyWiki germanophone. (L’affaire Karremann, mentionnée sur cette page, semble tenir son nom de Manfred Karremann, un journaliste spécialisé dans la défense des animaux et des enfants, et qui avait infiltré pendant un an « la scène pédophile »).
Le BoyWiki allemand reproduit les neuf pages du n° 15 de Topflappen (fin 2002), y compris quelques coupures de presse sur des affaires médiatisées et le tableau des prochaines vacances scolaires (nos amis allemands sont très pragmatiques !).
Les trois dernières pages créées en allemand datent du 25 novembre 2011 (Androphilie), du 15 janvier (présentation de la célèbre Psychopathia sexualis publiée par Krafft-Ebing en 1886), et du 29 janvier 2012 (sur un livre anglais intitulé Michael Jackson’s dangerous liaisons).
À titre de comparaison, les trois dernières pages créées en français l’ont été le 28 janvier (Évolution du droit pénal français), le 13 février (sur le recueil de récits de Pierre Fuzel, Mon cœur, de ton visage, n’a pu oublier la douceur, édité par Quintes-Feuilles), et le 16 février (à propos du blog de revue de presse Obapaïdo). Et malheureusement la version anglophone semble être en panne depuis de longs mois…
Doit-on conclure que les francophones travaillent autant en trois semaines que les germanophones en trois mois ?! Ce serait peut-être exagéré, car il y a des hauts et des bas sur chaque wiki. Sans vouloir vexer nos camarades d’outre-Rhin, il est pourtant incontestable que, malgré quelques critiques stériles apparues ça et là depuis trois ans, le chemin parcouru est déjà considérable, et le BoyWiki français est de loin le plus actif des trois. Mais il reste encore beaucoup, beaucoup à faire…
Ce n’est qu’un début ! Continuons le combat ! ! ! …
Liens
Questions et réponses publiées sur La Garçonnière :
- Les Huit*Nuits*de*BoyWiki — Questions D1 à D9 (posté le mardi 27 décembre 2011)
- Réponse marocaine à la question D1 (27 décembre), avec une tache visqueuse (posté le vendredi 10 février 2012)
- Réponse britannique à la question D2 (27 décembre) (posté le samedi 11 février 2012)
- Réponse initiatique à la question D3 (27 décembre) (posté le dimanche 12 février 2012)
- Réponse canonique à la sainte question D4 (27 décembre) (posté le lundi 13 février 2012)
- Réponse berbère à la question D5 (27 décembre), avec un petit quelque chose (posté le mardi 14 février 2012)
- Réponse enfumée à la question D6 (27 décembre) (posté le mercredi 15 février 2012)
- Réponse napolitaine à la question D7 (27 décembre), avec un petit joueur de cartes (posté le jeudi 16 février 2012)
- Réponse polyglotte à la question D8 (27 décembre), avec un tour du monde pédérastique (posté le vendredi 17 février 2012)
- Réponse germanique à la question D9 (27 décembre), avec un cocorico (posté le samedi 18 février 2012)
Voir aussi
Articles connexes
Questions A1 à A9 (samedi 24 décembre 2011) |
Questions B1 à B9 (dimanche 25 décembre 2011) |
Questions C1 à C8 (lundi 26 décembre 2011) |
Questions D1 à D9 (mardi 27 décembre 2011) |
Questions E1 à E9 (mercredi 28 décembre 2011) |
Questions F1 à F8 (jeudi 29 décembre 2011) |
Questions G1 à G9 (vendredi 30 décembre 2011) |
Questions H1 à H8 (samedi 31 décembre 2011) |
(lundi 26 mars 2012)
Notes et références
- ↑ Le message est daté du 28 en raison d’un décalage horaire.