La pédophilie en question (texte intégral) – III-05 d
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Dans les pays civilisés — il semblerait qu’il y en ait de moins en moins de nos jours — les lois et les autorités protègent chaque personne contre la violence, et spécialement contre la violence sexuelle qui en est une forme particulièrement odieuse car elle constitue un attentat contre l’intégrité la plus intime. Les lois qui fixent un âge de consentement vont cependant beaucoup plus loin car elles privent le mineur du droit à une activité sexuelle, elles supposent en effet que celui-ci n’est pas encore capable de vouloir réellement, c’est-à-dire de donner un consentement légitime.
Les défenseurs de ces lois étayent leur plaidoyer avec une facilité surprenante. Ils formulent d’abord les conditions pour un consentement valable et, ensuite, ils démontrent qu’un enfant n’est pas capable de remplir ces conditions. Et voilà ! La preuve est complète. On ne peut consentir à quelque chose, assurent-ils sérieusement, que si on en connaît toutes les conséquences éventuelles. Quel enfant, donc, connaîtra toutes les conséquences possibles d’une activité sexuelle ? S’il s’agit d’une fille pubère, elle pourra devenir enceinte. En plus, il y a danger d’une infection vénérienne : syphilis, gonorrhée, SIDA. En outre, lorsqu’un homme ou une femme aura établi une relation stable avec un enfant, quel sera l’avenir de cette relation ? Est-ce que l’enfant réalise que l’adulte pourra y mettre fin d’une façon brusque et ignoble, à moins que ce soit l’enfant lui-même qui veuille cesser tandis que l’adulte persistera à l’importuner de son assiduité ? Dans le cas où il n’existe pas de relation stable, est-ce que l’enfant se rend bien compte qu’il s’agit d’une rencontre fugitive, sans passé ni futur ? Se rend-il bien compte aussi de toutes les émotions que l’événement éveillera en lui ? Est-il bien sûr qu’il ne le regrettera jamais ? En plus, peut-il vraiment savoir quelles seront les réactions de ses parents, de ses professeurs, de ses camarades quand ils sauront à quelle activité il s’est prêté ? En a-t-il enfin étudié les conséquences légales et sociales ?
Inutile de continuer. On pourrait encore ajouter une série infinie de questions, et la réponse sera toujours négative. Cependant, toute cette argumentation paraît beaucoup moins convaincante dès lors que nous réalisons qu’elle n’est qu’une suite de pétitions de principes. En posant ces conditions au consentement valable et légitime, nous avons simplement rendu toute activité impossible, non seulement au mineur, mais également à chaque adulte.
Quel enfant est capable de juger des conséquences quand il va à l’église pour la confession dès l’âge de sept ans, quand il se laisse confirmer, quand il fait sa communion solennelle et prête publiquement serment sur le renouvellement des engagements du baptême, quand, à seize ans, il s’engage comme volontaire dans la marine ou choisit une profession, quand il se marie à vingt ans ? Toutes ces décisions sont acceptées par la société comme allant de soi. Seulement, lorsqu’il s’agit d’une activité sexuelle, il n’existe plus d’évidences, et tout le monde se montre soudain consterné. Consternation bien suspecte !
L’attitude de la société pourrait être tenue pour raisonnable à la condition d’établir une différence nette entre la situation de l’adulte (supposé libre pour entamer une relation sexuelle et capable de la contrôler en connaissance des conséquences éventuelles) et la situation de l’enfant (supposé avoir une incapacité complète à cet égard). En vérité il n’y a de différence qu’en ce qui concerne la possibilité de procréation. Ici, en effet, il existe des considérations rationnelles (contraception ou non ? choix des moyens contraceptifs) et une conscience des conséquences éventuelles. Mais pour les autres aspects de la sexualité (expression de l’amour, jouissance pure, union avec les forces de la nature), il faut reconnaître qu’ils sont entièrement mystérieux et en aucune façon sujets à une argumentation rationnelle. Même le plus perspicace des adultes est incapable de les contrôler avec son intelligence.
Dans l’amour de l’homme adulte envers le garçon, la procréation est exclue. Ne restent donc que les autres aspects. Aussi bien que son ami adulte, même le plus petit garçon sait décider parfaitement si telle activité lui plaît ou non, si telle personne lui est sympathique ou antipathique. Quant à abandonner son corps aux forces de la nature, l’enfant s’y entend souvent beaucoup mieux que bien des adultes… Le voilà qui est pleinement capable de consentir ou non.
Il ne faut pas exagérer les conséquences éventuelles de l’acte sexuel. Dans la grande majorité des cas, elles se limiteront à la satisfaction des besoins sexuels, exactement comme la masturbation et de la même façon que cela se passe chez l’adulte. S’il existe une relation véritable entre les deux amis, l’enfant pourra en concevoir un amour plus fort pour son partenaire, ce qui constitue une expérience enrichissante. Le pire qui pourra lui arriver sera une sensation de dégoût et de révulsion. Le fait sera regrettable, mais c’est par des expériences de cette sorte que l’humanité a progressé dans la connaissance. Le garçon cherchera sans doute à éviter une répétition. Rien alors de tragique, ni d’irrévocable.
Ce raisonnement se limite, bien entendu, aux conséquences de l’activité sexuelle en soi. Il peut arriver qu’après avoir mûri, un garçon se repente de s’y être livré. Mais, alors, ce n’est pas l’activité en soi qu’il regrette, mais d’avoir agi en contradiction avec la morale régnante. C’est un problème de conscience dont on pourrait discuter. Pour le moment, il s’agit seulement de la capacité ou de l’incapacité d’un mineur à donner un véritable consentement à l’exécution d’un acte sexuel. Il est superficiel et mal réfléchi de lui dénier cette capacité. La conception fondamentale de cette incapacité imputée par la loi réside essentiellement sur une représentation de la sexualité comme une chose dégoûtante, envers laquelle l’enfant ne pourra éprouver que de l’horreur. En ce cas, le pédophile est un criminel qui entraîne un malheureux petit innocent dans un tourbillon malsain dont il ne sortira sans en être profondément marqué. Le professeur de Levita, psychiatre, par exemple, déclare « que l’enfant apprend ici à faire avec plaisir des choses désagréables ». Ce médecin doit être un homme bien frustré dans sa propre vie pour parler de la sexualité comme d’une « chose désagréable », et pour projeter ses frustrations sur la jeunesse !
J’ai rencontré, d’ailleurs, des parents encourageant leur progéniture à faire des choses désagréables avec plaisir, comme sacrifices au bon Jésus. Personne ne formulait d’objection contre ce procédé éducatif. Mais dès qu’il s’agit d’activités sexuelles, alors les objections surgissent immédiatement. Pourquoi cette mise à part d’une chose si naturelle ?
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Voir aussi
Source
- Joseph Doucé, La pédophilie en question, Paris, Lumière & Justice, 1988, p. 80-82.