La pédophilie en question (texte intégral) – III-10 i
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Même parmi les psychologues, il y a des petits farceurs, et l’un d’entre eux a récemment donné la définition suivante de l’inceste : tout acte sexuel perpétré sur un enfant par un membre plus âgé de sa famille, au moyen d’une pression psychologique ou d’une contrainte physique.
En partant d’une telle définition, on n’a évidemment aucune difficulté à inspirer à tout être sensé une aversion violente envers l’inceste. Tout être humain, quel que soit son âge, a en effet droit à l’autodétermination sexuelle, c’est-à-dire à la liberté de décider lui-même avec qui, quand et comment il désire faire l’amour. Pour un être plus faible, ce qui est souvent le cas de l’enfant, cette précieuse liberté exige une protection toute particulière, car il est exposé à un danger encore plus grave qu’un viol sauvage.
Si horrible que soit le viol, il est encore plus cruel d’être contraint par impuissance à devoir se soumettre sans broncher à une chose qui vous répugne intérieurement. L’enfant qui succombe malgré lui dans le combat inégal contre un agresseur sexuel adulte, peut au moins conserver un certain respect de soi. Mais l’enfant sans défense qui doit dire « oui » à son géniteur, alors qu’il voudrait vomir de dégoût, est réduit à l’état d’esclave, privé de toute dignité. Et le traumatisme est, dans ce cas, beaucoup plus profond.
Sur ce point, je pense que nous serons tous d’accord. Mais le sommes-nous vraiment aussi sur la déclaration que je viens de faire : « Tout être humain, quel que soit son âge, a droit à l’autodétermination sexuelle ? » Aussi habilement que le psychologue cité au début de cet article, j’ai dissimulé ici une anguille sous roche. Car la véritable autodétermination de l’enfant ne signifie pas seulement qu’il puisse répondre « non » à toute sollicitation sexuelle non désirée (un droit qui lui est garanti par la loi pénale), mais aussi qu’il puisse répondre « oui » s’il le désire (un droit qui lui est refusé par cette même loi pénale).
Il faut savoir que les sentiments et les désirs de l’enfant se portent bel et bien parfois sur des personnes plus âgées, et c’est facile à comprendre. Dans l’intimité sexuelle avec un adulte, l’enfant ressent une protection, une sécurité et une possibilité d’abandon qu’un camarade de son âge ne peut pas lui offrir. Peu lui importe que l’adulte soit physiquement séduisant ou attrayant à d’autres points de vue. Lorsque, dans une interview à la télévision hollandaise, un garçon de quatorze ans parla de façon si touchante de son amour pour un homme de trente ans, et qu’on lui demanda s’il trouvait son ami beau, il resta interloqué : cette question ne lui était encore jamais venue à l’esprit. Mais il avait plus confiance en cet ami qu’en ses parents, il pouvait avec lui parler des choses les plus intimes, il se sentait en sécurité dans ses bras.
Cet adulte auquel l’enfant se donne avec tant d’intensité n’est généralement pas l’un de ses parents, parce qu’il y a souvent entre enfants et parents un fossé béant pour tout ce qui touche à la sexualité. Mais il existe des exceptions. C’est ainsi que, dans ma pratique d’avocat, à côté de nombreux cas d’incestes désastreux, j’ai connu également quelques cas d’incestes père-fils qui comblaient de bonheur et le père et le fils, et que le garçon, une fois devenu adulte et lui-même père de famille, continuait à estimer positivement. En voici un exemple.
L’un de mes clients, venu me consulter pour une toute autre affaire, me confia incidemment qu’il avait eu pendant des années des contacts sexuels avec son fils. Ces relations avaient entre-temps pris fin. J’étais depuis longtemps convaincu que de tels faits n’avaient rien d’exceptionnel. Ce qui l’était davantage, c’était la manière sereine et franche dont il en parlait. Mais qu’en pensait le fils, âgé à présent de dix-sept ans ? Je pense qu’il ne verra pas d’inconvénient à venir en parler avec vous, me dit le père.
Quelques jours plus tard, le fils me téléphona pour fixer un rendez-vous. Et je reçus bientôt la visite d’un sympathique jeune homme, avec qui j’eus un long entretien, dont je notai l’essentiel aussitôt après son départ. Voici donc le résumé de ce qu’il me raconta.
« Depuis l’âge de dix ou onze ans, j’ai eu des contacts sexuels avec mon père, et plus tard aussi avec un instituteur. Avec mon père, c’est terminé, car il me trouve maintenant trop âgé pour cela. Il serait préférable pour lui de trouver un petit ami plus jeune. C’est en tout cas ce que je lui souhaite, car je l’aime beaucoup. J’ai encore quelques contacts avec l’instituteur, mais avec lui aussi ils sont moins fréquents. Mes propres sentiments s’orientent progressivement vers les filles. J’échange parfois des caresses avec elles, mais nous n’avons pas encore vraiment fait l’amour ensemble.
« Mes expériences avec mon père et avec l’instituteur ont été très positives pour moi. Peut-être ai-je de ce fait commencé plus tard à m’intéresser aux filles, mais ce n’est pas plus mal ainsi. En tout cas, quand j’entends les histoires de mes camarades de classe, qui courent après les filles depuis l’âge de quatorze ou quinze ans, il y a toutes sortes de choses qui ne vont pas et les ruptures sont fréquentes. Je pense qu’à cet âge, les garçons et les filles n’ont pas les mêmes aspirations, les garçons veulent du sexe, et les filles de l’amour.
« Les relations familiales avec mon père sont exactement les mêmes que pour les autres garçons. Je n’ai jamais eu moins de respect pour lui, ni abusé de la situation pour ce que nous faisions ensemble au lit. Je trouve qu’une relation sexuelle avec un homme est une très bonne chose pour un garçon. La seule chose qui m’ait manqué, c’est la possibilité d’en parler avec mes camarades. Les pédophiles ont à présent leurs propres organisations, et c’est magnifique pour eux. Mais nous, leurs petits amis, nous n’avons aucun lieu de rencontre comparable. Nous devrions aussi avoir une association, où l’on pourrait venir s’informer, trouver de bons ouvrages d’éducation sexuelle et demander de l’aide si la police vient se mêler de notre vie privée. »
La remarque de mon visiteur à propos de l’autorité paternelle me toucha tout particulièrement. J’avais toujours affirmé jusqu’alors qu’un enseignant ne devrait pas avoir de relations sexuelles avec ses élèves, ni un animateur de loisirs avec un jeune de son groupe, parce qu’une relation d’amour et une relation d’autorité étaient à mes yeux incompatibles. Et voilà que cette incompatibilité s’avérait n’exister que dans mon imagination, ou plutôt dans mon manque d’imagination. La vie devait m’apprendre qu’il n’en va pas toujours ainsi.
J’ai connu des écoliers qui couchaient avec leur professeur et qui, en classe, ne se comportaient pas autrement que les autres élèves. J’ai vu des enfants dans des clubs de vacances, qui avaient des relations sexuelles avec leur moniteur, sans que l’esprit du groupe en souffrît nullement. Et j’ai vu plus d’un père qui avait de temps en temps un conflit d’idées avec son fils adolescent, alors que le soir ils faisaient passionnément l’amour ensemble. Les enfants sont souples, non seulement de corps, mais aussi d’esprit. Et certains pères le sont aussi…
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Voir aussi
Source
- Joseph Doucé, La pédophilie en question, Paris, Lumière & Justice, 1988, p. 100-103.