La pédophilie en question (texte intégral) – V-5 d
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EN FLANDRES
Ci-après, le texte par lequel le groupe se présente (traduit du néerlandais par nos soins).
Les récentes études ont révélé que l’influence des différentes Églises a considérablement diminué. Selon les personnes interrogées, une des principales raisons de ce déclin est dû à ce que les Églises ne se préoccupent pas suffisamment des questions personnelles, des problèmes individuels de chacun de leurs membres à qui elles n’offrent pas de véritables perspectives et les laissent pratiquement démunis en face des problèmes actuels. Ceux qui parlent ainsi affirment que c’est un constat de leur propre expérience et certaines catégories de personnes disent le ressentir d’une façon plus aiguë parce qu’elles sont particulièrement rejetées par les Églises, dans ce cas on peut notamment citer les pédophiles.
Beaucoup de ceux-ci, dans leur logique, s’ils se sont acceptés comme tels, non seulement se sont détournés de l’Église, mais en plus, ils ont renoncé à toute forme de religion ou expression de foi. Pour eux, un choix s’imposait : ou bien nier et refouler leur orientation pédophile quitte à se renier soi-même, ou, au contraire, accepter leurs tendances et leurs sentiments et vivre en conséquence.
Dans la première attitude, le pédophile se voit contraint à une vie d’abnégation qui absorbe beaucoup de son énergie sans résultat valable autre que de lui permettre de rester membre de l’Église et de participer à la vie de celle-ci. Ce qui ne paraît pas tellement apporter de compensation à d’autres inconvénients majeurs.
Dans la deuxième attitude, le pédophile a la possibilité d’exprimer sa vie sentimentale et de la satisfaire, mais alors au prix plus ou moins douloureux de l’abandon de la pratique religieuse puis de sa foi.
N’y aurait-il pas une autre voie ? La pédophilie doit-elle être toujours une raison de refuser à quelqu’un de conserver sa place légitime comme croyant dans la communauté chrétienne, à l’intérieur de l’Église ? Jusqu’à ce jour, il existe peu de recherches et d’études permettant de donner une réponse à cette question.
Écoutons ce témoignage d’un pédophile : « Dans un débat de conscience qui a duré une quinzaine d’années, je me suis directement mis en face de mon Créateur et Seigneur pour lui demander la grâce et la lumière. J’ai compris que je pouvais être moi-même chrétien, profondément croyant, et que mon amour et ma tendresse immense pour les enfants était aussi un reflet de l’amour infini de Dieu. Alors qu’autrefois je luttais contre mes tendances avec un sentiment de culpabilité et de péché, maintenant je me sens intensément lié au Seigneur même lorsque je vis mon amour pour un enfant jusqu’à l’intimité physique. »
Pour parvenir à une attitude si positive à l’égard de ses sentiments pédophiles et, en même temps, les intégrer dans une vision chrétienne de l’existence, il faut être arrivé à un état de conscience peu compatible avec les sentiments de la société hostile en principe à l’attirance des pédophiles envers les enfants ainsi qu’à la doctrine des Églises qui, habituellement, récusent toute forme de sexualité non conforme au processus de procréation et considèrent que les pédophiles sont des réprouvés.
En présence de cette situation, quelques pasteurs protestants et des prêtres catholiques, ainsi qu’un certain nombre de pédophiles ont constitué, vers la fin de 1982, un groupe de réflexion sur ce problème de l’acceptation des pédophiles tant par eux-mêmes que par la société.
C’est du côté protestant que cette initiative a commencé, et les premières réunions ont eu lieu dans un local de la paroisse de Brasschaat. En plus d’une recherche sur les possibilités et les difficultés pratiques pour l’accueil des pédophiles, ces réunions offrent l’occasion d’une confrontation entre différentes personnes dont certaines, quoique non pédophiles, sont disposées à toute discussion sur le sujet. Les informations recueillies, ainsi que l’examen de la littérature existant sur la pédophilie, ouvrent les voies vers une attitude plus juste et plus consciente des Églises à l’égard des pédophiles, une minorité malgré tout dans le monde des croyants.
Ce groupe œcuménique de travail demande à être connu tant pour ses buts que pour ses activités. Son objectif principal est d’abord d’intéresser les pédophiles aux prises avec leur conscience et qui, jusqu’à présent, n’ont pas trouvé accueil et compréhension. Ils peuvent disposer d’entretiens individuels avec des personnes formées à l’écoute des autres, éventuellement avec un pasteur ou un prêtre. Il est également ménagé des rencontres et des réunions en groupes de travail et d’information.
Un autre but, non moins important, est de toucher les personnes qui, en raison de leur profession ou de leur activité, sont en contact avec des pédophiles et qui ont besoin, pour cela, d’être informées sur ce problème. Sont ainsi concernés les pasteurs, les prêtres, les assistants sociaux et les divers spécialistes en sciences médicales, psychologiques, etc.
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Le 2 juillet 1983, ce groupe a rédigé et publié une sorte de « déclaration fondamentale », c’est-à-dire comment, selon l’ensemble de ses membres, doivent être conçues et vécues les relations pédophiles. En voici le texte (traduit par nos soins du néerlandais) :
— La personne pédophile veut s’en tenir aux règles d’affection et de respect qui sont valables pour toute relation d’amour ;
— Cette personne qui aime un enfant ou un(e) jeune et qui prête attention à son bonheur et à ses problèmes sera d’abord attentive à respecter sa liberté. Elle devra considérer toute forme de contrainte comme en absolue contradiction avec l’essence même de la pédophilie ;
— Cette personne tiendra compte des désirs de l’enfant et si celui-ci ne semble pas ouvert à ce type d’expérience, elle évitera d’exprimer son amour et son affection ;
— Si une relation pédophile se concrétise en relations sexuelles, celles-ci doivent se limiter aux possibilités des partenaires et respecter le comportement humain. Il ne faut pas entreprendre de relation sexuelle avec un enfant tant que celui-ci n’y consent pas pleinement ;
— Le pédophile aidera l’enfant dans son épanouissement vers sa maturité adulte et il respectera l’évolution de ses propres besoins sexuels. Il laissera à l’enfant toute liberté de fréquenter les copains de son âge ;
— Il est préférable que s’établissent des relations confiantes entre le pédophile et les parents de l’enfant. Le pédophile devra faire effort dans ce sens ;
— Comme le pédophile doit laisser l’enfant évoluer et suivre son propre chemin, il sera conscient que ce genre de relation n’est que temporaire jusqu’à ce que l’enfant soit arrivé à son état adulte ;
— Lorsque des contacts sexuels se sont produits fortuitement, le pédophile doit respecter le besoin sexuel de l’enfant et ne pas profiter de l’occasion pour lui imposer des activités sexuelles auxquelles il ne serait pas préparé.
Par la suite, fort de son expérience auprès de nombreux pédophiles, le groupe œcuménique publia d’autres textes dont l’un des plus intéressants est celui qui se trouve ci-après sous le titre : « Le processus de l’autoacceptation » (traduit de même du néerlandais par nos soins).
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Voir aussi
Source
- Joseph Doucé, La pédophilie en question, Paris, Lumière & Justice, 1988, p. 133-136.