La pédophilie en question (texte intégral) – VII-3

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Partie précédente du chapitre



VII. – POSITION DE L’I.L.G.A.

L’INTERNATIONAL LESBIAN AND GAY ASSOCIATION (I.L.G.A. – Association Internationale Lesbienne et Gaie), fondée en 1978 à Coventry (Angleterre), regroupe la plupart des grandes associations homosexuelles dans le monde (environ une centaine). Il est également à noter que la municipalité de la ville de La Haye (capitale administrative des Pays-Bas), ainsi que le plus grand syndicat des instituteurs hollandais, Algemene Bond Onderwijzend Personeel (A.B.O.P. = Fédération Générale du Personnel Enseignant), fort de 40 000 membres, sont également membres à part entière de cette organisation internationale par solidarité pour la lutte contre toute forme de discrimination à l’égard des homosexuels et des lesbiennes. Le C.C.L., à Paris, en est membre fondateur.

Tous les ans, en été, un congrès rassemble les délégués de ces associations membres, chacune ayant droit à deux voix lors des votes exécutifs de l’assemblée plénière, une voix pour les femmes et une pour les hommes (l’I.L.G.A., en effet, est soucieuse de la parité des genres dans ses décisions, ce qui a une importance lorsqu’on traite de sujets concernant les femmes, mais n’est pas moins utile lors de votes sur des questions touchant la pédophilie, évidemment !). Ce congrès dure huit jours. La liste des congrès ayant eu lieu jusqu’à présent, avec mention des villes où ils se sont déroulés, est indiquée ci-après. On y trouvera la citation des textes qui nous intéressent dans ce présent ouvrage.

Des congrès régionaux ont lieu aussi tous les ans, en fin d’année, en Europe, Asie ou Amérique. Ils préparent les congrès internationaux, mais n’ont pas de pouvoir exécutif lors des votes qui y sont faits.

Cette organisation, comme on le voit par son titre, est donc mixte. Mais elle a connu de graves conflits internes suscités entre autres par des thèmes propres aux femmes et sur la pédophilie, si bien qu’au congrès annuel de Turin (Italie), en 1981, une scission s’est produite, et alors s’est constituée une association internationale de lesbiennes, I.L.I.S. (INTERNATIONAL LESBIAN INFORMATION SECRETARIAT) de laquelle les hommes sont totalement et officiellement exclus ! ! !

Certaines organisations, surtout celles des membres-fondateurs de l’I.L.G.A., ont toujours été sensibles aux problèmes des autres minorités sexuelles (ce fut toujours, par exemple, la position du Centre du Christ Libérateur, à Paris). C’est pourquoi le sujet de la pédophilie a été mis à l’ordre du jour lors de plusieurs congrès, et les pédophiles ont pu, comme les autres minorités (transsexuels, sadomasochistes, fétichistes, etc.), constituer leurs groupes de travail pour débattre des questions qui les préoccupent et préparer des suggestions, propositions ou motions à présenter au jugement de l’assemblée générale.

*
*     *


LISTE DES CONGRÈS DE L’I.L.G.A.

La liste des congrès annuels d’été de l’I.L.G.A. sera reprise deux fois. Les textes des propositions, recommandations et résolutions votées concernant la pédophilie seront dans la première liste, et ceux intéressant particulièrement la jeunesse gaie seront dans la seconde.


A. – Textes concernant la pédophilie.

1978 – Réunion constitutive de l’I.L.G.A., à Coventry (Angleterre) : rien.

1979 – Première conférence internationale à Bergen (Pays-Bas) : rien.

1980 – Deuxième conférence internationale à Barcelone (Espagne) :

1. – Considérant

— que tout individu a le droit à l’autodétermination sexuelle quels que soient son sexe ou son âge ;

— que les lois concernant l’âge de la majorité sexuelle ont une fonction d’oppression et non de protection ;
ce congrès incite les groupes membres à étudier et à adopter la politique qui préconise l’abrogation de toutes ces lois.

2. – Considérant

— qu’à l’intérieur des organisations membres, la pédophilie est perçue comme un sujet complexe et important, suscitant des réactions émotives, et sur lequel il est difficile de trouver un consensus ;

— que les opposants à la libération sexuelle se servent d’arguments concernant la pédophilie ;

— les conséquences éventuelles de la majorité sexuelle légale pour le développement d’une identité gaie ou lesbienne ;

— que la majorité sexuelle est une fiction légale ;

— le besoin de protection contre la violence sexuelle, notamment pour les femmes ;

— l’importance de la libération de la pédosexualité dans l’ensemble de la libération sexuelle ;

— notre capacité distinctive, dérivée de notre propre expérience de l’oppression en tant qu’hommes gais et femmes lesbiennes, à contribuer à la discussion de la libération de la pédosexualité ;
il est résolu que la discussion du sujet continuera au sein de l’I.L.G.A., et que les membres seront invités à poursuivre une discussion concernant la pédophilie à l’intérieur de leur organisation…

On demande aux organisations membres d’informer le Secrétariat d’Information (ou toute autre organisation membre par voie directe) des résultats de leur discussion et de leurs actions.

3. – La proposition que le C.O.C. se charge du rassemblement et de la diffusion des matières concernant la pédophilie, fut aussi acceptée.

Il faut se rappeler qu’en Angleterre, à cette époque, un procès était intenté contre les dirigeants du mouvement P.I.E. (Paedophile Information Exchange) (voir plus haut, p. 180). D’où les textes suivants :

4. – Le deuxième congrès annuel de l’I.L.G.A. relève :

— le chef d’inculpation des cinq membres du P.I.E. : « Conspiration pour la corruption des mœurs publiques » ;

— l’histoire de la répression et l’hostilité dont les enfants et les pédophiles sont l’objet qui est la cause de ce procès pour conspiration ;

— les conséquences sérieuses, voire désastreuses, pour les mouvements féministes et gais d’adultes.

En conséquence, le congrès décide :

— d’exiger que les chefs d’inculpation soient abandonnés, que les lois concernant la conspiration soient abrogées en Grande-Bretagne, et que la liberté d’association soit garantie pour les pédophiles ;

— d’encourager les organisations membres de l’I.L.G.A. à organiser une campagne internationale de soutien pour les cinq membres du P.I.E.

Ces actions comprendraient :

— la collecte de signatures sur des pétitions en soutien des exigences précitées ;

— l’envoi de ces pétitions aux ambassades et aux consulats britanniques ; des manifestations et un maximum de couverture médiatique ;

— des prises de contact avec le plus grand nombre d’organisations susceptibles d’être sympathisantes, et la plus grande diffusion possible des informations concernant la pédophilie et la sexualité des enfants ;

— la coordination de ces actions par la campagne de défense P.I.E. (adresse pour les contacts : Fallen Angels).

1981 – Troisième conférence internationale à Turin (Italie) :

Elle réitéra les directives de l’année précédente concernant le mouvement P.I.E. :

Vu le fait que les groupes membres n’ont pas rempli les termes de la résolution du congrès de Barcelone, ce congrès de Turin réaffirme sa réprobation pour le procès de P.I.E., ainsi que pour la condamnation et la détention de Tom O’Carroll dont le congrès exige la libération immédiate. Les membres prépareront une pétition de protestation et des manifestations devant les ambassades britanniques pour le 2 mai 1981, jour d’ouverture du deuxième procès de Tom O’Carroll. La condamnation du procès et la demande de libération de Tom O’Carroll apparaîtront dans le communiqué de presse final de ce congrès.

1982 – Quatrième conférence internationale à Washington (U.S.A.) :

Le congrès rappelle la résolution de Barcelone concernant la pédophilie et contre les lois sur la majorité sexuelle :

— il note la persécution accrue des pédophiles, de l’amour entre hommes et garçons et de la sexualité des jeunes par la police, les tribunaux, la profession médicale et la presse dans de nombreux pays ;

— il note la difficulté des partenaires femmes et filles (koréphilie) à vivre à visage découvert. Le manque de reconnaissance de la koréphilie doit être considéré comme faisant partie du manque de reconnaissance général de la sexualité des femmes et la preuve que le seul rôle préconisé pour les femmes est celui de la maternité ;

— le congrès croit que la persécution actuelle des pédophiles, des couples homme/garçon, des koréphiles et des jeunes qui sont sexuellement actifs sera utilisée par les forces réactionnaires comme tremplin pour une attaque généralisée contre les formes minoritaires d’expression sexuelle ;

— il reconnaît que la persécution accrue des jeunes et de leurs partenaires s’accompagne d’une plus large tolérance du lesbianisme et de l’homosexualité chez les adultes dans les pays les plus développés ;

— il affirme le droit de tous de prendre part à des relations et des activités sexuelles consentantes, sans considération d’âge, de sexe, de race, de religion, etc., que ce soit au sujet des participants eux-mêmes ou sur la nature des relations et des activités ;

— le congrès décide de mener une campagne active au travers des organisations membres pour l’abolition de toute loi qui restreigne la liberté sexuelle des jeunes ;

— il requiert de ses organisations membres de donner un soutien actif aux jeunes individus et aux organisations gaies et lesbiennes de jeunes dans leur pays, notant bien que, pour rendre ce soutien efficace, il faut prendre en compte la position économique faible des jeunes par rapport aux adultes partout dans le monde ;

— il requiert de ses organisations membres d’entrer en dialogue et, où cela est possible, d’intensifier le soutien pour les pédophiles et les organisations pour l’amour homme/garçon de leur pays. Le congrès déplore les efforts de certaines organisations gaies cherchant à se dissocier de cette question ;

— le congrès requiert de ses organisations membres de prendre la défense des individus qui souffrent de la persécution légale ou autre en raison de la majorité sexuelle existante ou de la différence d’âge entre les partenaires dans une relation ;

— il requiert de ses organisations membres de prendre les mesures positives pour impliquer les jeunes de façon active dans leurs structures et dans leurs activités. Notamment, il requiert de ces organisations ayant une limite d’âge pour leurs membres d’abolir cette disposition immédiatement.

1983 – Cinquième conférence internationale à Vienne (Autriche) :

Elle vota les textes suivants :

1. – Les groupes membres intéressés rassembleront les informations et les transmettront périodiquement au centre dont s’est chargé le P.I.E., à Londres, afin de former une image plus exacte de ce qui se passe dans divers pays du monde. Un intérêt spécial est porté sur la situation légale, les procès, tous les cas ayant trait à la pédophilie et les arguments théoriques avancés par les pédophiles.

2. – L’I.L.G.A. mandatera le P.I.E. pour écrire, au nom de l’I.L.G.A., à tous les groupes de pédophiles qui ne sont pas membres de l’I.L.G.A. pour les inciter à y adhérer et à échanger des informations.


1984 – Sixième conférence internationale à Helsinki (Finlande) : rien.

1985 – Septième conférence internationale à Toronto (Canada) : rien.

1986 – Huitième conférence internationale à Copenhague (Danemark) :

Cette huitième conférence fut marquée par une forte présence de pédophiles. En effet, une dizaine d’associations pédophiles s’étaient réunies juste avant le congrès, les 5 et 6 juillet 1986, afin de préparer des propositions précises à présenter à Copenhague. Deux d’entre elles furent votées lors de la session finale du congrès, après une discussion serrée et l’introduction de quelques amendements.

Voici les textes qui furent approuvés :

a) Recommandation pour la création d’un groupe de travail permanent sur la pédophilie.

Nous sommes conscients qu’il existe un conflit au sein du mouvement homosexuel et lesbien au sujet des relations sexuelles entre les hommes et les garçons. Ce conflit divise et affaiblit la communauté homosexuelle et lesbienne. L’intransigeance qui caractérise ce conflit laisse entendre qu’en tant que mouvement nous n’avons pas les bases théoriques nécessaires pour en parler, en discuter ou apporter des solutions.

Il est fondamental à la pratique et à la théorie du mouvement homosexuel et lesbien, ainsi qu’à celles d’autres mouvements ou groupes opprimés, que nous fondions notre analyse sur notre propre vécu. Nous devons continuer à accueillir ces garçons et ces hommes engagés en des relations sexuelles pour qu’ils nous aident à développer cette analyse.

Donc, nous demandons à l’I.L.G.A. de mettre sur pied un groupe de travail afin de développer une analyse de la pédophilie homosexuelle pour l’avantage du mouvement homosexuel et lesbien. Ce groupe de travail sera placé sous la responsabilité conjointe du AUSTRALIAN PEDOPHILE SUPPORT GROUP et la NORTH AMERICAN MAN/BOY LOVE ASSOCIATION.

Les groupes suivants participeront : Centre du Christ Libérateur (C.C.L.) de Paris, Lambda Information (Barcelone). Les résultats du groupe d’études seront transmis au Secrétariat des Femmes de l’I.L.G.A.

b) Prise de position sur le châtiment corporel.

Il est des parents qui s’octroient le droit de traiter leurs enfants comme bon leur semble. Les enfants éduqués de cette façon, lorsqu’ils deviennent adultes, se croient également avoir le droit d’user de la contrainte physique sur autrui. Au contraire, l’I.L.G.A. pense que la façon la plus sûre d’apprendre le respect de l’intégrité physique et des sentiments d’autrui, c’est d’être traité soi-même avec respect durant l’enfance.

Le terme « châtiments corporels » n’est qu’un euphémisme pour désigner les coups et blessures subis par un enfant. Dans certaines cultures, ces genres de sévices sont admis comme étant nécessaires pour assurer l’insertion des jeunes dans la société. En apprenant aux enfants que leur société tolère la violence physique contre leurs corps comme seul moyen acceptable pour résoudre leurs problèmes, on encourage les jeunes à chercher les solutions violentes à leurs propres problèmes, et ainsi on perpétue un cycle de violence et de mauvais traitements.

L’I.L.G.A. condamne le châtiment corporel comme une violence à l’encontre des enfants, et rejette les arguments et les lois qui présentent le châtiment corporel comme un geste d’amour. L’I.L.G.A. soutient les lois non-punitives, telles celles en vigueur en Suède, qui interdisent tout châtiment corporel et fait appel à tous ceux qui ont affaire aux jeunes de faire preuve d’amour et d’utiliser la récompense plutôt que la contrainte.

En revanche, le troisième texte, ci-dessous, fut rejeté par l’assemblée générale. Il importe de le donner ici également, car il montre bien que l’unanimité, de loin, n’est pas atteinte en ce qui concerne le thème de la pédophilie :

Au fur et à mesure que les organisations homosexuelles et lesbiennes consolident leur mouvement et font de plus en plus reconnaître leurs droits et leur respectabilité au sein de la société, on décèle en eux une tendance croissante vers l’exclusion et la marginalisation des formes d’expression sexuelle controversées, telles la pédophilie homosexuelle, le sadomasochisme et la sexualité des enfants et des jeunes.

Ce processus va dans le sens de ceux dont l’expression homosexuelle heurte le moins les normes hétérosexuelles et bourgeoises, ce qui rend de plus en plus vulnérables les autres formes de sexualité.

L’I.L.G.A. affirme l’engagement du mouvement homosexuel et lesbien à une conception large de la libération sexuelle et reconnaît la nécessité d’un dialogue ouvert sur toutes nos sexualités. L’I.L.G.A. condamne ces groupes qui cherchent à exclure et à marginaliser les formes d’expression sexuelle controversées.


B. – Textes concernant la jeunesse gaie.

1978 – Réunion constitutive de l’I.L.G.A. à Coventry (Angleterre) : rien.

1979 – Première conférence internationale à Bergen (Pays-Bas) : rien.

1980 – Deuxième conférence internationale à Barcelone (Espagne) : rien.

1981 – Troisième conférence internationale à Turin (Italie) :

— Des ateliers de jeunesse doivent avoir lieu à chaque congrès de l’I.L.G.A.

— Nous relevons le manque de jeunes à ce congrès et demandons que les groupes membres de l’I.L.G.A. donnent une aide financière aux jeunes pour qu’ils puissent assister aux congrès de l’I.L.G.A.

— Nous recommandons que les organisations membres n’aient pas de limite d’âge et que celles qui en ont une prennent toutes les mesures nécessaires pour l’abolir.

— Nous recommandons qu’un point de contact soit établi en Grande-Bretagne pour la coordination des informations concernant les jeunes.

— Nous recommandons que les groupes agissant pour changer les lois de leur pays notent l’importance d’accorder aux jeunes le droit légal de disposer de leur corps sans référence à leurs parents, notamment en ce qui concerne les questions médicales telles l’avortement, la contraception, les traitements des maladies sexuellement transmissibles, etc.

1982 – Quatrième conférence internationale à Washington (U.S.A.) :

— Nous incitons les organisations membres qui ne sont pas des groupes constitués de gais ou de lesbiennes d’une tranche d’âge spécifique (par exemple, les jeunes, les gais et les lesbiennes âgés, etc.) à abolir toute limite d’âge minimale ou maximale.

— Nous incitons toutes les organisations membres de l’I.L.G.A. à instaurer des cotisations réduites pour les étudiants et les chômeurs.

— Nous demandons aux organisations membres d’encourager les jeunes gais et lesbiennes à assister aux réunions de l’I.L.G.A. en :

1. – subventionnant un jeune gai ou une jeune lesbienne pour assister à une réunion : cas des organisations qui habituellement ne fournissent pas de subvention pour les délégués assistant aux réunions ;

2. – subventionnant un jeune gai ou une jeune lesbienne à un taux plus élevé : cas des organisations qui habituellement fournissent des subventions pour les délégués assistant aux réunions.

— Nous incitons les membres à consacrer une page du Bulletin des Informations de l’I.L.G.A. aux informations et nouvelles concernant la jeunesse, sous la coordination du L.H.J.O. (Landelijke Homofiele Jongeren Organisatie, Organisation Nationale des Jeunes Homosexuels) des Pays-Bas, avec les contributions des organisations de la jeunesse gaie et lesbienne partout dans le monde.

— L’I.L.G.A. donnera son soutien à l’organisation par le L.H.J.O. d’un congrès international de la jeunesse gaie et lesbienne qui aura lieu à Amsterdam pendant la troisième semaine d’août 1983.

1983 – Cinquième conférence internationale à Vienne (Autriche) :

— L’I.L.G.A. adoptera l’idée d’une banque d’informations internationales de la jeunesse gaie et lesbienne (IGAY), sous l’égide du groupe de la jeunesse gaie allemand, Schwusel (Hambourg), pour les activités suivantes :

1. – L’établissement d’une liste des adresses des groupes de jeunes partout dans le monde, en demandant des informations de la part des organisations membres de l’I.L.G.A. concernant leur zone d’activité ; cette liste sera transmise à tous les groupes ;

2. – L’information des groupes de jeunes sur les activités de leurs pairs et celles de l’I.L.G.A. afin de les faire entrer dans le champ des activités de l’I.L.G.A.


1984 – Sixième conférence internationale à Helsinki (Finlande) :

Puisque l’O.H.O. (Groupe des étudiants gais finlandais) propose d’établir un Centre de Coopération des Étudiants Gais, l’I.L.G.A. incite ses membres à fournir au groupe des étudiants gais de l’Université de Finlande les informations et les adresses concernant les groupes d’étudiants gais.

1985 – Septième conférence internationale à Toronto (Canada) :

Il est convenu que les organisations membres de l’I.L.G.A. fassent pression sur leur gouvernement pour harmoniser l’âge de la majorité sexuelle. En même temps, ces organisations doivent voir si la protection de la jeunesse (contre les abus sexuels) est suffisante sans une loi sur la majorité sexuelle. Si tel est le cas, ces organisations doivent faire pression sur leur gouvernement pour l’abolition des lois concernant la majorité sexuelle.

1986 – Huitième conférence internationale à Copenhague (Danemark) :

— L’I.L.G.A. recommande que toutes les organisations gaies et lesbiennes donnent leur soutien à l’établissement et au fonctionnement de groupes de jeunesse dans leur région afin de créer un environnement positif pour la jeunesse gaie et lesbienne. Les organisations membres doivent aussi établir des structures de conseil pour les jeunes gais et lesbiennes et les aider à assumer leur sexualité.

— L’I.L.G.A. soutient le droit des jeunes à l’autodétermination sociale et sexuelle.

— L’I.L.G.A. soutient l’éducation sexuelle compréhensive dans les écoles, avec un traitement et un financement égaux pour tous les aspects de la sexualité. Les organisations gaies et lesbiennes doivent être invitées à participer à ce processus éducatif.


C. – Neuvième conférence internationale annuelle à Cologne (R.F.A.), du 29 juin au 4 juillet 1987.

Cette conférence a connu quelques remous au sujet de la pédophilie. Le compte rendu suivant, dû à la plume d’un participant belge, Casimir Elsen, donnera un bon aperçu des débats et des difficultés rencontrées dès que cette question fut soulevée :


« Depuis 1980, à la deuxième conférence annuelle de l’I.L.G.A. à Barcelone, la pédophilie est toujours revenue comme sujet de discussion. Ces débats furent souvent assez modérés, mais parfois aussi très émotionnels. À la conférence de Cologne, ce fut certainement un climat passionnel et même une tendance vers des sentiments négatifs, qui ont dominé la discussion sur la pédophilie.

Il y eut deux grands points de débats : l’affaire du CRIES en Belgique, et une discussion générale sur l’âge du consentement.

En ce qui concerne le CRIES, le Pasteur Doucé du C.C.L. à Paris a proposé d’envoyer deux lettres : l’une à Philippe Carpentier, fondateur et animateur du CRIES, l’autre à la presse belge pour protester contre la manière fausse et sensationnelle de présenter l’affaire. Presque la presse entière, en effet, avait publié des articles dans le sens de « réseau international de pornographie et de prostitution enfantine découvert » — quoiqu’en réalité le CRIES comme organisation n’était pas impliqué dans l’affaire, mais seulement quelques personnes qui, à titre individuel et dans leur vie privée, s’étaient engagées dans des actions délictueuses.

La lettre à la presse belge ne posait pas tellement de problèmes. À celle-ci était demandé « d’être plus consciencieuse avant d’accuser des organisations de minorités sexuelles d’être impliquées dans des actions criminelles sans avoir de bases légales sérieuses pour porter de telles accusations. L’I.L.G.A. condamne toutes les exploitations des préjugés populaires pour des motifs sensationnels. » Le seul point de discussion au sujet de cette lettre a été que certains voulaient absolument y voir la déclaration que l’I.L.G.A. ne prenait pas de position en ce qui concerne l’organisation du CRIES lui-même.

La lettre à Philippe Carpentier, proposée par le Pasteur Doucé a rencontré beaucoup plus d’objections. Un bon nombre de participants aux discussions, surtout du côté des lesbiennes et de certains homosexuels des pays scandinaves, avaient de sérieuses suspicions envers le CRIES et trouvaient que son magazine L’Espoir était semi-pornographique ; c’est pourquoi ils n’acceptaient pas que l’I.L.G.A. exprime quelque solidarité envers Philippe Carpentier ou soutienne son activité. Finalement, on s’est mis d’accord pour ne pas envoyer de lettre personnelle à Philippe Carpentier, mais de lui communiquer une copie de celle adressée à la presse belge avec la mention : « pour information de ce qui a été fait ».

La discussion générale sur l’âge de consentement n’a mené à rien. Les différences sociales et culturelles des participants étaient si grandes qu’une décision unanime sur le problème était vraiment exclue. En plus, le radicalisme féministe de certaines lesbiennes les menait à proposer, durant un atelier de discussion des femmes, que l’I.L.G.A. rejetterait tout contact sexuel (défini comme « manipulation des parties sexuelles du corps ») d’un adulte avec un mineur « n’ayant pas atteint l’adolescence psycho-sociale, biologique et émotionnelle ». Les femmes stipulaient qu’il ne s’agissait pas seulement des cas d’ABUS sexuel, mais bien de CHAQUE contact sexuel tout court. Cette proposition ouvrait tellement de questions qu’elle fut rejetée par la session plénière (en fait : quelles sont les « parties sexuelles » du corps ? qu’est-ce qu’une « manipulation » ? quels sont les critères pour déterminer une « adolescence psycho-sociale, biologique et émotionnelle » ?). À noter aussi que certaines lesbiennes ont été d’avis que le critère d’adolescence psycho-sociale, biologique et émotionnelle n’était évidemment pas applicable dans le cas des handicapés mentaux…

Une deuxième proposition des lesbiennes, retirée après le rejet de la première, visait encore plus loin. Durant les conférences antérieures de l’I.L.G.A., un certain nombre de recommandations en faveur des droits sexuels des jeunes, impliquant aussi les relations pédophiles positives avaient déjà été approuvées. À la conférence de Cologne, des femmes auraient voulu que soient rejetées purement et simplement — sans aucune nouvelle discussion — toutes les recommandations acceptées antérieurement et ne correspondant pas aux critères de leur première proposition ! Ce qui ne s’est pas fait.

En guise de conclusion, on peut dire que la discussion sur la pédophilie à la 9e conférence annuelle de l’I.L.G.A. fut souvent émotionnelle, que les débats ne furent pas toujours basés sur des arguments rationnels et que certaines positions de l’I.L.G.A. sur la question des relations pédophiles ont été remises en question — surtout sous l’influence des lesbiennes radicales, pour qui certains arguments semblent indiscutables. Si cette conférence présente plutôt un pas en arrière en ce qui concerne une véritable libération sexuelle — la libération de la sexualité enfantine et pédophile n’étant pas à exclure de celle-là —, il reste à espérer que les discussions au cours des conférences à venir seront menées sans passion. Les attitudes émotionnelles ne font que renforcer les préjugés. Il faut surtout viser à prendre des positions basées sur des arguments rationnels et réels ! Sans doute, ce ne sera pas facile, tant il est que les attitudes émotionnelles (positives ou négatives) ne se répriment pas aisément et que les différences socioculturelles dans les diverses parties du monde sont très grandes. Mais il serait à souhaiter que les militants homosexuels et lesbiennes actifs au niveau mondial soient capables de faire des efforts pour prendre de la distance envers les préjugés qui visent à imposer une notion moralisante et restreinte au concept de « libération sexuelle ».



VIII – PEDOPHILE INFORMATION POOL.

Parallèlement au groupe de travail constitué au cours du congrès de l’I.L.G.A. à Copenhague, en 1986, il s’est formé une sorte d’organisme ayant pour but d’intensifier l’action pédophile et d’assurer une plus ample information sur ce phénomène, ainsi qu’une plus grande coordination entre les diverses associations pédophiles dans le monde. C’est le Pedophile Information Pool (P.I.P.).

Ceux qui ont suscité ce P.I.P. à Copenhague représentaient des groupes présents en six pays et sur trois continents : Australian Pedophile Support Group (Australie), Centre du Christ Libérateur, de Paris (France), Danish Pedophile Association (Danemark), North American Man/Boy Love Association (U.S.A.), Pedofila Arbetsgruppen (Norvège), Pedofila Arbetsgruppen (Suède) et Schweizerische Arbeitsgemeinschaft Pädophilie (Suisse). Ces groupes ont décidé de rester en contact afin d’assurer l’entraide et d’élaborer des stratégies et des analyses efficaces.

Une « banque d’informations pédophiles » aurait alors comme fonction de diffuser ce qui pourrait intéresser les organisations membres et d’organiser les rencontres internationales à venir. Cet organisme ne prendrait pas de position formelle ni d’engagement politique. Simplement, il chercherait à fournir les ressources pour entretenir un contact plus étroit entre les groupes pédophiles éparpillés et si souvent isolés.

La North American Man/Boy Love Association (NAMBLA) s’est proposée pour réaliser cette banque d’informations. Les organisations membres ont été encouragées à envoyer des exemplaires de leurs publications, des nouvelles concernant leurs propres pays (actualité, faits divers, etc.). De même, seraient bienvenues leurs suggestions et tous rapports concernant leurs propres stratégies, leurs analyses politiques et théoriques, enfin toutes choses d’intérêt utile à tous.

Étant donné les difficultés que connaissent plusieurs de ces groupes, et que nous avons évoquées plus haut dans ce chapitre, cet organisme n’a jamais pu fonctionner. Au début, il a dû se limiter à une circulaire avec plusieurs documents intéressants dont nous avons tiré parti en plusieurs endroits de ce chapitre. Il a eu le temps aussi de répercuter quelques appels de détresse de la part d’associations en crise grave, tel par exemple le CRIES en Belgique. On est donc très loin du réseau international concernant des enfants dont la presse à scandales aime tellement faire état chaque fois qu’une affaire de pédophilie est évoquée : cela n’existe même pas au niveau d’une simple réflexion ! ! !

Chapitre collectif sous la
rédaction finale de Maurice BALLAND.
Précisions apportées par Érick PONTALLEY,
traduction des textes anglais par Patrick ROGERS.





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Table des matières
Page de titre. En exergue
Remerciements, par le pasteur Joseph Doucé
Sommaire
Préface, par le docteur Jacques Waynberg
Introduction, par le pasteur J. Doucé
    I. TÉMOIGNAGES
1) Fragments d’un discours impossible, par Hugo Marsan
2) Interview d’Antonio, par le pasteur J. Doucé
    II. JURIDIQUE
1) Les relations sexuelles des mineurs selon le droit français, par Pierre Lenoël
2) Pédophilie et responsabilité, par Anneke S. C. Visser
3) La pédophilie en Italie, par Piergiovanni Palminota
    III. Dr EDWARD BRONGERSMA
Biographie du docteur Edward Brongersma
a) Un autre regard
b) L’adieu
c) Un pionnier : Hajo Ortil
d) Le consentement de l’enfant
e) Les pédophiles et la Justice
f) Pornographie et législation
g) Le pédophile devant ses juges
h) Jeunesse et sexualité
i) Pères et fils
j) La situation aux Pays-Bas
    IV. PSYCHOLOGIE
La pédophilie : quelques réflexions, par le pasteur J. Doucé
    V. CHRISTIANISME ET PÉDOPHILIE
L’Église et les pédophiles, par le pasteur J. Doucé
Documents :
a) Lettre aux pasteurs de paroisse d’Églises protestantes néerlandophones de la Belgique, par le pasteur Thijs Weerstra
b) La pédophilie : menaçante ou… non comprise, par le pasteur Th. Weerstra
c) À propos de l’enfant, de la sexualité et de la Bible, par le pasteur Th. Weerstra
d) Groupe de travail œcuménique pédophile en Flandres
e) Le processus de l’autoacceptation
Vers une pastorale des pédophiles, par le pasteur Alje Klamer
    VI. LITTÉRATURE ET PÉDOPHILIE
Littérature et pédophilie, par Gérard Bach
    VII. ASPECTS DU MOUVEMENT PÉDOPHILE
par Maurice Balland, Érick Pontalley, etc.
Introduction. – I, Pays-Bas, Belgique, France
II, Allemagne. – III, Suisse. – IV, Angleterre. – V, Pays scandinaves. – VI, États-Unis
VII, Position de l’I.L.G.A. – VIII, Pedophile Information Pool
    VIII. BIBLIOGRAPHIE ET DOSSIER DE PRESSE
par Pierre Fontanié et Maurice Balland
A — F (Abu-Nuwas → Franco)
G — L (Gagnon → Louÿs)
M (Man → Musil)
N — Z (Nabokov → Ziegler)
    IX. ANNEXES
a) Index des noms cités
b) Chez le même éditeur
c) Information : C.C.L.
4e page de couverture

Voir aussi

Source

Articles connexes

Notes et références