La pédophilie en question (texte intégral) – V-3 b
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Qu’est-ce que la pédophilie ?
Il n’y a pas encore vingt-cinq ans, l’homophilie était presque autant méprisée et crainte que la pédophilie aujourd’hui. L’homophilie a d’abord été considérée comme péché, puis comme une maladie. Lors de l’émancipation de l’homophilie, la pédophilie est restée dans l’ombre. La pédophilie consiste dans le fait de se sentir continuellement attiré par des enfants, y compris dans le sens sexuel. Il est difficile de déterminer l’âge des ces enfants, mais on peut noter que, ordinairement, l’intérêt se porte sur des jeunes de douze à quinze ans. Afin d’éviter une confusion, il faut préciser que celui qui a un rapport sexuel avec un enfant n’est pas encore forcément un pédophile. En outre, le pédophile ne doit pas avoir nécessairement un rapport sexuel avec un enfant.
Malentendus et préjugés.
Il existe plusieurs malentendus, par exemple la confusion entre la pédophilie et l’homophilie. Dans l’homophilie, il y a attirance entre personnes du même sexe, tandis que dans la pédophilie, c’est la relation aîné-enfant qui joue le rôle primordial, et alors, ce ne sont pas nécessairement des personnes du même sexe qui sont concernées.
On prétend parfois que dans la pédophilie il s’agit de la satisfaction d’un vice ou de la recherche de violence, et que ces contacts sont nuisibles pour les enfants. On met encore toujours en avant l’image du pédophile séducteur et violeur d’enfants, et de la sorte on rend anxieux les enfants en les mettant en garde contre eux. L’image des vieux monsieurs vicieux qui « matent » les enfants n’est pas juste. La presse diffuse plutôt des articles expressément négatifs, mais jamais elle ne met en évidence des aspects positifs de relations pédophiles. Les pédophiles sont des personnes qui aiment les enfants et non des assassins potentiels.
« Mais, cependant, dira-t-on, ils s’imposent constamment à nos enfants ! », et ainsi on oublie que l’initiative ne vient pas seulement de l’aîné, mais souvent du jeune lui-même ! Le jeune cherche la tendresse et la sécurité, et trouve chez l’aîné une certaine protection. Justement, le pédophile est apte à entrer dans l’univers de l’enfant.
L’enfant comme centre d’intérêt.
Donc, celui qui cherche à défendre l’enfant devra aussi écouter la version de celui-ci : comment conçoit-il cette relation ? Alors, il s’avère que les relations pédophiles ne sont pas nuisibles pour les jeunes partenaires, au contraire, la différence d’âge est précisément vécue de façon positive. En avançant en âge, le jeune suit son propre chemin et, généralement, s’engage dans le mariage. En outre, souvent des liens d’amitié subsistent avec le pédophile.
Ce n’est pas la relation avec une personne plus âgée qui effraie les enfants, mais plutôt l’atmosphère des interrogatoires incessants lorsque cette relation est « découverte » et que la police a été alertée. Ce sont les réactions de panique, les dénonciations et les poursuites qui sont traumatisantes.
L’enfant est trop considéré par ses parents comme leur propriété privée exclusive ; est-il vraiment leur « possession » ? Ne faut-il pas plutôt concevoir la famille comme l’endroit où l’on vit ensemble dans l’intimité et l’amitié. De son côté, le pédophile est celui qui comprend aisément les enfants et établit avec eux des relations enrichissantes à plus d’un titre. Malheureusement, on soupçonne toujours le pire quand on voit un adulte s’intéresser de trop près à un enfant et lui prodiguer des caresses.
Jamais, au grand jamais, la contrainte.
La violence est diabolique, ainsi que l’abus de pouvoir. La contrainte est toujours inacceptable. En cela, chaque pédophile est d’accord ; pour lui, justement, la réciprocité des sentiments est primordiale.
Un pédophile, membre du groupe de travail dont il est question dans ma lettre ci-jointe, a lui-même rédigé une sorte de « code d’honneur », dont je reprends ici quelques articles :
— l’intérêt de l’enfant ou du jeune doit toujours être primordial ;
— les enfants et les jeunes ne doivent aucunement être considérés comme des objets de passion ;
— on n’a pas le droit, en tant que pédophile, de chercher des contacts intimes avec un enfant si on ne connaît pas ou ne comprend pas ses sentiments ;
— le pédophile doit, autant que possible, accompagner l’enfant dans son processus vers l’âge adulte, et s’efforcer de l’aider dans ses difficultés, surtout dans les domaines où ses parents n’arrivent pas à faire face ;
— si possible, le pédophile essaiera de conquérir la confiance des parents ;
— il ne faut pas accaparer l’enfant mais le laisser fréquenter des copains de son âge.
La pédophilie… une menace ?
On ne fournit pas vraiment de preuves d’une influence psychique nuisible pour les enfants dans les relations pédophiles. Plutôt que les enfants soient victimes des pédophiles, ce sont, au contraire, ceux-ci qui subissent les conséquences néfastes de l’attitude de la société à leur égard. La pédophilie est le problème non pas des pédophiles, mais des non-pédophiles. Certes, cela ne signifie pas que le pédophile soit toujours heureux : entre les moments de bonheur comblé, s’intercalent des périodes de solitude et d’isolement. À cela s’ajoute pour nombre d’entre eux le sentiment d’être continuellement menacés. Pourtant, un comportement déviant ne devrait pas être tenu pour condamnable parce que sexuellement déviant, mais dans la mesure où il porte atteinte à la liberté et à l’intégrité d’une personne. Un pédophile qui aime vraiment l’enfant avec qui il est en relation sera constamment soucieux de préserver la liberté et l’intégrité de celui-ci.
Apprendre à être des bons « bergers ».
Qui veut être le pasteur d’âme d’un pédophile doit se situer lui-même dans l’univers de celui-ci. Ce qui signifie donc : ne pas juger, mais d’abord écouter. Le témoignage du pédophile doit rester strictement confidentiel chez le pasteur.
Mais, ceci n’est qu’un premier pas. En effet, se pose la question suivante : est-ce que la communauté de Jésus-Christ peut être un foyer pour le pédophile ? Comment, en effet, cela peut-il se faire si des préjugés mettent encore trop souvent obstacle à la connaissance de la vérité ? Mais, ne pourrait-il pas, voire même, ne devrait-il pas dans notre communauté se trouver d’oreille attentive pour une personne qui, vu sa situation, n’est nulle part acceptée ? Là où nous nous préparons à la fête joyeuse de l’Enfant (Noël), ne devrions-nous pas souhaiter un peu de joie de vivre à ceux qui, justement, aiment les enfants ? Dans la tâche que le Bon Pasteur nous a confiée, de vivre et de travailler, s’implique également celle d’être solidaire du pédophile, et avec lui de chercher une voie qui lui rendra la joie dans la lumière de l’Évangile, en union avec la communauté chrétienne.
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Voir aussi
Source
- Joseph Doucé, La pédophilie en question, Paris, Lumière & Justice, 1988, p. 128-131.
